Grève à la Jirama : le manque à gagner atteint près de 25 milliards d’ariary
Un rapport du ministère de l’Énergie et des Hydrocarbures (MEH), publié hier 13 novembre 2025, détaille l’ampleur des pertes financières et opérationnelles subies par la Jirama depuis le début des mouvements sociaux. La compagnie nationale d’eau et d’électricité traverse une période de tension marquée par une baisse significative des encaissements et des perturbations dans les services aux usagers.
Recul des encaissements et augmentation des impayés
Le rapport du MEH estime le montant moyen du chiffre d’affaires mensuel encaissable de la Jirama à 95,4 milliards d’ariary durant la période de grève. En septembre, les encaissements ont chuté à 86,4 milliards d’ariary, puis à 79,3 milliards en octobre. Le manque à gagner s’élève ainsi à 8,97 milliards d’ariary pour septembre et 16,02 milliards pour octobre, soit un total de 24,99 milliards d’ariary. Le taux d’encaissement a suivi la même tendance, reculant à 90,6 % du chiffre d’affaires encaissable en septembre, puis à 83,2 % en octobre. Cette baisse traduit les difficultés rencontrées par les services de recouvrement durant la période de perturbation.
Les mouvements sociaux ont également entraîné une augmentation des impayés sur les factures de consommation. Selon le MEH, les impayés ont progressé de 3,30 % en octobre. Le ministère estime que le retard d’encaissement lié à ces impayés représente environ 20 milliards d’ariary depuis le mois de septembre.
Services clients fortement perturbés
Le Centre de relation clientèle a enregistré une dégradation notable de ses performances. Le rapport signale 103 815 appels perdus entre septembre et octobre, auxquels s’ajoutent 95 030 appels présentés qui n’ont pas pu être traités. Le nombre de requêtes non saisies au niveau du back-office atteint 3 554 sur la même période. En octobre, le volume des appels reçus via le Numéro vert 547 a diminué de plus de 80 % par rapport à septembre. Le taux de réponse est passé à 81,8 %, contre 88,55 % en septembre, tandis que le taux d’abandon des appels a augmenté pour atteindre 18,20 %. La baisse d’activité a également touché les messages écrits adressés à la compagnie via WhatsApp, Facebook ou par e-mail. Le traitement de ces requêtes a diminué de 44 % entre septembre et octobre.
A titre de rappel, la situation sociale au sein de la Jirama reste tendue. Plusieurs syndicats, dont le Syndicat des employés de la Jirama (SMJ), contestent le plan de redressement proposé par la direction générale. Ils réclament l’annulation des nouveaux statuts de la compagnie et le départ du directeur général Ron Weiss. Certains représentants syndicaux ont refusé le dialogue initié par le ministère de tutelle et ont annoncé une grève générale. Dans un communiqué, la direction générale affirme qu’elle ne tolérera « aucune menace à l’encontre des opérations de redressement ». Elle évoque des « excès de quelques individus » et rapporte trois arrestations ainsi qu’un licenciement. Alors que la direction et les syndicats restent sur des positions opposées, les usagers continuent de subir les effets directs de cette situation.
