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Culture

Neuvième art - Une discipline en quête de nouveau souffle

01/03/2022 03:46 © Moov

Le petit monde la bande dessinée malagasy, après quelques années fastes marquées notamment par une production relativement abondante et la tenue de quelques éditions d’un festival dynamique baptisé « Mada Bulles», doit de nouveau se régénérer.

Du 16 novembre 2021 au 4 janvier dernier, la médiathèque de La Canopée à Paris a accueilli une exposition patrimoniale sur la bande dessinée malgache des années 1980. Réalisée à partir de la collection personnelle du chercheur Christophe Cassiau Haurie, elle offrait pour la première fois un large aperçu sur l'une des scènes les plus dynamiques du continent africain. Une occasion aussi d’évoquer l’évolution de cet art depuis cette période.

En décembre dernier, toujours à Paris, la 11e édition du salon SoBD, présentait une soixante d'exposants venus défendre la création contemporaine de bande dessinée, qu'il s'agisse de maisons d’édition, de libraires ou de fanzines. Les festivités se sont déclinées en ateliers d'initiation, masterclass, expositions, tables rondes et rencontres avec les 150 artistes présents, avec un focus sur la BD d'un pays étranger. Après le Canada en 2018 et la Pologne en 2019, c’était au tour de Madagascar d’être célébrée. Quatre tables rondes étaient venues éclairer l'histoire, les influences, la scène contemporaine et les auteurs marquants de la Grande Ile.

À voir ces événements mettant en avant la bande dessinée made in Madagascar, on serait tenté de croire que le 9ème art se comporte comme un charme dans le pays. Force est cependant de remarquer que c’est aujourd’hui une discipline en quête d’un nouveau souffle. Les artistes peinent encore à trouver les soutiens adéquats pour produire davantage.

Les sources d’inspiration sont également appelées à se diversifier. Sans oublier la faiblesse de la structure économique qui devrait accompagner les artistes qui ne souhaitent que vivre et s’épanouir de leur art.

Pourtant, le 9ème art à Madagascar est parvenu, depuis les années 2000, à faire éclore de nouveaux dessinateurs talentueux comme DWA qui a fait sensation avec son album intitulé « Pions », mais aussi Rado (« Les nuits magiques ») ou encore Ramafa. Coté magazine, des journaux satiriques ou spécialisés BD ont vu le jour comme R’ehvy, Gazety Soimanga, Saringotra, Manala Azy, Sketch ou la gazette Ngah qui arrivait à vendre 2 000 exemplaires par semaine avec de nouveaux dessinateurs comme Thierry Ankoala, Richard, Rafanoela, et surtout la collection Faka qui a réédité la fameuse série BD populaire Benandro, en format à l’italienne sur du papier journal.

Des manifestations autour de la BD ont été initiées comme Gasy Bulles à Antananarivo, la Semaine de la BD à Antsiranana et les Bulles d’Alaotra à Ambatondrazaka. Gasy Bulles est le premier festival de BD à Madagascar avec une programmation riche de rencontres, concours, expositions, etc. Il se tient habituellement au mois de juin de chaque année, organisé par l’association Tantsary.

Mais ces derniers mois, les événements locaux dédiés à la bande dessinée sont devenus rares. Notons l’initiative de Gasy Bulles l’association Tantsary d’organiser des cours de dessins pour les vacances scolaires, suivie en octobre du « concert dessiné » réunissant les dessinateurs Sese Dille, Faliéry, Damy, R-Aly et les musiciens Edgar Ravahatra, Njakaniriana et Tanjona.

Côté production, rappelons la sortie de « Ary, la gorge d’Ifaty » en 2020. Une œuvre présentée justement dans nos colonnes comme une parfaite représentation d’un art en quête de renouveau. Et surtout qui tient à s’affirmer sur la scène internationale, le tout porté par une jeune génération d’auteurs et d’artistes. Ce nouvel album réalisé brillamment par le duo Rolling Pen à l’écriture et Catmouse James à l’illustration, édité chez les Bulles dans l’océan, embarque les lecteurs pour un voyage initiatique, teinté de poésie et de découvertes, avec comme toujours en toile de fond la Grande île, sa culture et ses traditions.

Signalement en outre, qu’en octobre 2020, dix dessinateurs malgaches de bande dessinée ont été sélectionnés pour la première résidence artistique sur l’île depuis le déclenchement de la pandémie. Cette formation avait pour but de leur permettre de perfectionner leur technique, mais aussi d'apprendre à se vendre auprès des maisons d’édition. La publication d’une œuvre collective est au programme et, selon un bon connaisseur de la scène BDique du pays, cela pourrait sonner la cloche de la renaissance.

 

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