Trafic - Deux Malgaches arrêtés aux Comores avec 49 kilos d’or

L’information a fait le tour des réseaux sociaux, hier. Selon la gendarmerie comorienne, trois personnes ont été arrêtées à l’aéroport international Moroni Prince Said Ibrahim (AIMPSI), avec une cargaison de 49 kilogrammes d’or. Parmi les trois larrons figurent deux Malgaches.

L’information communiquée par la gendarmerie comorienne est très laconique. Elle n’a révélé que le strict minimum. La reprise faite par la gendarmerie nationale sur la page Facebook Infocom Seg n’en dit pas plus. Aucune explication, ni indice n’a été communiqué sur l’origine du métal jaune saisi, ni le lieu de départ et encore moins la destination finale des trois individus avec leur cargaison présumée illicite.

De prime abord, l’on est face à un cas de tentative d’exportation illicite d’or. Sans quoi, il n’y aurait pas eu d’arrestation. Le fait que les présumés trafiquants aient été appréhendés à l’aéroport international de Moroni amène à conclure que les trois hommes ont débarqué sur l’île voisine de Madagascar par avion. Une conclusion qui impose plusieurs questionnements, surtout que même si les frontières malgaches sont rouvertes, les vols régionaux et internationaux sont, en principe, strictement encadrés pour prévenir des risques sanitaires.

Une autre hypothèse est que les présumés trafiquants auraient pris un bateau pour les Comores avant de tenter de prendre un vol à Moroni afin de rejoindre un autre pays. À Madagascar, pourtant, les différentes sources contactées auprès des autorités affirment ne pas avoir plus amples informations sur cette nouvelle affaire de trafic d’or qui a déjà créé une déferlante réaction chez l’opinion publique. Du côté de la gendarmerie, l’on affirme qu’il n’y a pas eu d’échange d’informations avec son homologue des Comores.

Aucune des sources contactées, n’est en mesure de dire si l’or vient de Madagascar, d’où les présumés trafiquants ont décollé, ou bien ont-ils emprunté un autre moyen de transport comme le bateau avant d’essayer de prendre l’avion à Moroni. Solofohery Razafin­drakoto, procureur du second degré du Pôle anti-corruption (PAC), d’Antananarivo, indique, néanmoins, que cette entité judiciaire a d’emblée pris en main le sujet.

«L’affaire est entre les mains du juge d’instruction à l’heure où nous parlons. Il va diligenter les investigations et une demande d'extradition des deux Malgaches a été faite», indique le procureur Razafindrakoto. Il explique l’implication de la justice malgache dans la saisie d’or à Moroni par «l’hypothèse que l’or vient de Madagascar, étant donné que deux Malgaches sont parmi les personnes arrêtées».

Bien qu’il ait ouvert une instruction sur l’affaire, le PAC d’Antananarivo, lui aussi, affirme ne pas avoir d’informations avérées sur l’origine de l’or, son lieu de départ et sa destination. Bien que l’arrestation des trois présumés trafiquants ait été faite à l’aéroport international de Moroni, aucune des sources contactées n’ose dire que l’avion a été le moyen de transport pris par les trois individus. Le laconisme de la communication faite par la gendarmerie comorienne, d’autant plus, n’est pas d’une grande aide pour délier les langues.

Cette saisie d’or avec de présumés trafiquants malgaches rappelle à l’opinion publique un fait similaire qui s’est déroulé à la même période en 2020. Le 31 décembre de cette année, trois Malgaches ont été arrêtés par les autorités sud-africaines à l’aéroport OR Tambo de Johannesburg, avec plus de 73 kilos d’or dans une valise. Les trois individus avaient alors quitté la Grande île à bord d’un avion spécial. Tout comme pour ceux arrêtés aux Comores, le PAC d’Antana­narivo a fait une demande d’extradition des Malgaches arrêtés en Afrique du Sud.

Jusqu’ici, pourtant, la demande d’extradition formulée aux autorités sud-africaines reste sans suite. Le PAC espère que celles des Comores soient plus coopératives. Outre la tentative de trafic d’or, les Malgaches détenus en Afrique du Sud sont accusés de fraude douanière. Il est probable que l’infraction douanière soit, également, une des raisons de l’arrestation d’hier, à Moroni. À l’instar de la douane sudafricaine, il y a un an, il est probable que celle des Comores ait également contacté ses homologues malgaches sur cette affaire. Jusqu’ici, toutefois, c’est le silence radio du côté des autorités douanières malgaches.