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SÉCURITÉ AU TRAVAIL - Le coût élevé du zéro risque d’accident

15/02/2023 09:01 © L'Express De Madagascar

Les partenaires sociaux dans le domaine du travail réclament la ratification des conventions n°155 et n°166 de l’Organisation internationale du Travail.

Ces conventions ne visent pas seulement l’absence de maladie ou d'infirmité, mais exigent aussi des garanties contre les éléments physiques et mentaux directement liés à la sécurité et à l'hygiène au travail pouvant affecter la santé des employés.

En effet dans le code du travail malgache, la notion de sécurité est très implicite. Il engage seulement l’employeur à mettre un certain nombre de mesures dont notamment l’affiliation des employés à un service médical inter-entreprises. « Il est prescrit à tout employeur de fournir les équipements et les habillements adéquats pour protéger collectivement et individuellement la vie et la santé des travailleurs contre tous les risques inhérents au poste de travail et en particulier, contre le VIH/SIDA dans les lieux de travail. (…) Pour prévenir les risques d’accidents, les installations, les matériels et matériaux de travail sont soumis à des normes de sécurité obligatoires. Ils doivent faire l’objet de surveillance, d’entretien et de vérification systématiques» stipule le code dans ses articles 110 et 120.

La sécurité des employés se trouve au cœur du dialogue des parties prenantes depuis un moment, dans le cadre de la réforme du code du travail. En d’autres termes, le code ne garantit pas entièrement la sécurité des travailleurs, et de nouvelles mesures devraient être prises. Là où les mesures se limitent à couvrir les maladies professionnelles et les accidents de travail, dans certains pays on parle de qualité de vie au travail ou encore de happiness management. Les spécialistes en Hygiène Qualité Santé et Environnement (HQSE) préconisent davantage de mesures pour la réduction de risques d’accident en entreprise. Pour les métiers en entreprise franche textile, le risque d’accident est très élevé, souligne un responsable auprès d’un service médical inter-entreprises. Blessures, brulures et non-respect des règles d’ergonomie sont très fréquents, l’exigence est légitime selon lui. En revanche, certaines entreprises se considèrent par défaut beaucoup moins concernées par le risque élevé d’accidents de travail. Et d’ailleurs, la qualité de vie au travail coute plus cher aux patrons. « Les charges liées à l’implémentation d’un système de sécurité aux normes des HQSE sont très élevées. Pour une entreprise lambda, ce n’est pas financièrement supportable. Déjà, sa mise en place requiert des normalisations et certifications, lesquelles demandent le service d’une agence de certification, quasi inexistante à Madagascar. Pour la seule analyse de la situation d’une entreprise, il faut 4000 à 8000 euros. Mais son opérationnalisation demande aussi un montant d’investissement élevé sur les outillages et les dispositifs » déclare un Directeur de ressources humaines.

QMM et Ambatovy étaient les premiers qui ont importé cette notion à Madagascar, suivi plus tard par les grandes entreprises du secteur pétrolier tels que Total, Jovena, ou encore Logistique pétrolière, et aujourd’hui par les grands groupes d’entreprises et les banques.

Les grands oubliés

des dialogues sociaux De l’autre côté, le service HQSE est mis en place pour complaire à des exigences pour l’obtention de certifications ISO au profit de la visibilité de l’entreprise vis-à-vis de ses clients et de ses fournisseurs ou de son éligibilité à certains avantages.
Dans tous les cas, in fine, l’objectif c’est de réduire le risque d’accident. « Nous visons le zéro accident. C’est-à-dire lors d’apparition d’évènement dangereux, on fait en sorte que les conséquences soient nulles. Là-dessus le travail des agents HQSE c’est d’établir par calcul la matrice des risques, pour prévenir, éviter ou gérer selon le cas » souligne Steffy Carolia Ramarosandy responsable Qualité, hygiène, santé, sécurité, environnement (QHSSE). Dans les grandes entreprises, souvent les accidents de travail ou les incendies sont les plus redoutés. Mais dans les petites structures, le risque psychologique est le plus fréquent ajoute-t-elle. « C’est souvent lié à la conjoncture et à la précarité des emplois dans les entreprises en général. Nos travailleurs sont stressés, dépressifs, et en conséquence on a plus souvent des personnes en hypertension artérielle, des diabétiques, ou celles qui font du burn-out. Pire, il n’y a pas de réponse plus approfondie à part la médecine du travail pour traiter cela ou le turnover » déclare notre interlocutrice. Au-delà des questions classiques de ressources humaines, les agents HQSE interviennent pour instaurer une culture sécuritaire en entreprise. « Notre objectif c’est de promouvoir le réflexe professionnel de prévention de risque d’accident. Le port d’équipements ou le respect des normes de sécurité ne doivent pas être motivés seulement par la peur des sanctions, mais vraiment au-delà, de comprendre pourquoi ces mesures devront être respectées» ajoute Steffy Carolia Ramarosandy.

Dans le cadre de la réforme de la législation malgache du travail, les partenaires sociaux se sont déjà réunis deux fois. Il s’agit des syndicats des travailleurs, des syndicats des employeurs, du secteur public, de l’Institut national du travail et des partenaires techniques et financiers. « Nous sommes les grands oubliés lors des dialogues sociaux entre les parties prenantes, cela témoigne peut-être du manque de reconnaissance de la place de notre métier dans le personnel, de la part des syndicats d’employés, des patrons et du pouvoir public» se désole-t-elle. D’ailleurs, dans la profession des HQSE, jusqu’ici chacun opère dans son coin. « Nous n’avons pas d’association, ni de programmes de discussions régulières entre professionnels » conclut-elle.

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