Mise en place de la Couverture Sanitaire Universelle : Un défi de taille pour Madagascar
En marge de l'Assemblée générale des Nations Unies, les dirigeants mondiaux ont fait un engagement crucial pour l'avenir de la santé mondiale : la réalisation de la couverture sanitaire universelle (CSU). A cette occasion, une déclaration politique a été adoptée, un pas essentiel vers l'ambition d'un monde post-COVID plus sain et équitable.
Difficultés à accéder aux soins de base
L'Organisation mondiale de la Santé (OMS) a salué cette déclaration comme un "catalyseur essentiel" pour mobiliser des engagements politiques et financiers, clés pour atteindre la CSU d'ici 2030. Cependant, derrière cette grande ambition se cachent des chiffres alarmants. En 2021, plus de la moitié de la population mondiale, soit environ 4,5 milliards de personnes, n'avaient pas accès aux services de santé essentiels. De plus, deux milliards de personnes ont éprouvé des difficultés financières, en cherchant à accéder aux soins de base. L'urgence de la CSU est, ainsi, incontestable. Son importance se reflète plus clairement encore dans le visage des victimes d’inégalités : une mère perdant la vie en donnant naissance, des parents impuissants face à la maladie de leurs enfants, des individus écrasés financièrement par des factures médicales.
Un choix politique avant tout
C'est une tragédie des droits de l'homme à une échelle monumentale, un constat que le Secrétaire général de l'ONU, António Guterres, a clairement établi. Pour lui, la CSU vise à corriger cette injustice fondamentale, en assurant que chaque personne dans le monde reçoive les soins de santé dont elle a besoin, sans exception. Pour atteindre cet objectif ambitieux, Guterres encourage les gouvernements à investir dans des systèmes de soins de santé primaires accessibles localement. Ces systèmes devraient tout englober : des dépistages aux traitements de base, des vaccinations aux soins prénatals et postnatals pour les mères et leurs enfants. Le Directeur général de l'OMS, le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, a rappelé que la CSU est avant tout un choix politique. La déclaration politique adoptée est un signal fort, mais le véritable test réside dans les décisions budgétaires et politiques concrètes. Pour que les soins de santé deviennent vraiment universels, il est essentiel de passer d'un modèle centré sur les maladies à des systèmes conçus pour les personnes, adaptés aux besoins des populations.
Soins de santé équitables
Madagascar, en tant qu'État membre de l'OMS, s'est engagé en 2014 dans la mise en place de la CSU. La Stratégie Nationale de la Couverture Santé Universelle (SNCSU) a vu le jour en 2015, avec six orientations stratégiques pour guider cette démarche et contribuer aux Objectifs de Développement Durable (ODD). En juin 2018, un district pilote à Vatomandry a lancé la CSU, avec une cotisation annuelle de 9 000 Ar par adhérent. Cependant, presque une décennie après le lancement de cette stratégie, les progrès sont modestes, et en 2022, la Caisse Nationale de Solidarité pour la Santé a été dissoute, illustrant les défis rencontrés. Cependant, la CSU est un objectif impératif pour garantir des soins de santé équitables et accessibles à tous, car la santé est la pierre angulaire de tous les Objectifs de Développement Durable. La CSU n'est pas seulement un choix politique, c'est un impératif moral pour un avenir plus sain et plus équitable.