Santé mentale à Madagascar : un appel urgent à l'action
En cette Journée Mondiale de la Santé Mentale, 10 octobre, Madagascar fait face à une réalité alarmante : la santé mentale reste un sujet négligé malgré une détresse psychologique croissante parmi sa population.
L'enquête MINI révèle que 47% des habitants de la capitale, Antananarivo, présentent au moins un trouble mental. Cette problématique s'étend même aux milieux carcéraux, où 98% des détenus éprouvent des sentiments négatifs, selon l'ONG Humanité & Inclusion.
Conditions de vie précaires
Les chiffres parlent d'eux-mêmes : près de la moitié de la population d'Antananarivo est touchée par un trouble mental. Dans la province de Mahajanga, ce chiffre atteint 31%. Les conditions de vie précaires, le manque d'accès aux soins et la stigmatisation jouent un rôle prépondérant dans cette détresse psychologique. Cependant, un espoir se dessine avec le projet HIFALI de l'ONG Humanité & Inclusion. Le projet HIFALI (Hetsika Iombonana ho an’ny FAhasalaman-tsaina sy Lamina eny Ifotony) entre dans sa deuxième phase, avec une mission exploratoire du Centre Hospitalier le Vinatier de Lyon en juillet 2023. Son objectif est de renforcer les capacités des acteurs en santé mentale pour améliorer l'accès aux dispositifs de soutien. Des formations et un renforcement des compétences sont prévus pour les professionnels de la santé mentale à Madagascar. Le projet est financé par l'Agence Française de Développement (AFD).
Santé mentale en prison
La situation de la santé mentale en prison est encore plus préoccupante. Les détenus font face à la surpopulation, au manque d'hygiène, de soins médicaux et à la violence. Selon Humanité & Inclusion, 98% des prisonniers ressentent souvent de la tristesse, 90% se sentent fatigués, 70% sont en colère, 60% ont peur, 15% veulent mourir et 2% ont déjà tenté de mettre fin à leur vie. La négligence de la santé mentale à Madagascar est inacceptable. Les ressources humaines et les structures de prise en charge sont insuffisantes. La stigmatisation persistante entrave le chemin vers des soins appropriés. Il est temps de changer la perception des troubles mentaux, d'améliorer la manière dont nous abordons la santé mentale et de permettre aux personnes en détresse d'accéder aux soins nécessaires.
Nécessité d’un changement durable
Pour cela, tous les acteurs concernés doivent unir leurs forces. Les autorités, les professionnels de la santé mentale, la société civile et les citoyens doivent collaborer pour faire face à cette crise. La sensibilisation, l'éducation et l'amélioration des infrastructures sont des étapes essentielles vers un avenir où la santé mentale à Madagascar sera prise au sérieux, traitée avec compassion et comprise à sa juste valeur. L'effort du projet HIFALI est un pas significatif dans cette direction, mais il est essentiel que cet élan se poursuive pour un changement durable.