Corruption Sexuelle dans le milieu éducatif : Oser mettre Fin au silence
La corruption sexuelle demeure un fléau silencieux à Madagascar, mais des efforts considérables sont déployés pour la mettre en lumière et la combattre. Transparency International - Initiative Madagascar (TI-MG) a persisté dans ses actions visant à dénoncer les violences liées au genre, en particulier la corruption sexuelle.
Une problématique répandue
En 2018, le Bureau Indépendant Anti-Corruption (BIANCO) avait déjà initié une étude diagnostique sur ce problème, accompagnée d'outils de sensibilisation. Depuis, TI-MG a continué sur cette lancée, menant le projet de lutte contre la corruption sexuelle (CORSEX) avec deux phases successives, CORSEX phase 1 en 2021 et CORSEX-EDU en 2022. L'ampleur des enquêtes réalisées est significative, touchant 8 501 personnes, dont 67% étaient des femmes. Les résultats révèlent une reconnaissance marquée de l'existence de la corruption sexuelle dans le milieu éducatif, avec 62% des répondants confirmant cette réalité. Parmi eux, 4 936 personnes ont identifié ce phénomène, soulignant une problématique répandue mais souvent tue. Les chiffres détaillent un tableau alarmant. Les victimes de cette corruption sont plus prédominantes dans la région DIANA.
Des motivations variées
Le rapport dévoile également les mécanismes courants de cette corruption : drague, soudoiement, demandes de rapports sexuels, chantage ou menaces, et d'autres formes de pression, comme des propositions d'aide financière ou d'hébergement. Les motivations des instigateurs sont variées, allant de l'obtention de bonnes notes à l'admission à des examens ou concours. Dans cette triste réalité, les principaux instigateurs identifiés sont majoritairement des professeurs (37%), suivis par le personnel administratif et technique des établissements scolaires (18%), les étudiants (18%), les directeurs d'établissement (14%), et les parents d'élèves ou d'étudiants (14%). Ces chiffres soulignent une responsabilité partagée entre divers acteurs du système éducatif.
Numéro vert 904
Pour contrer ce fléau, le projet CORSEX-EDU a été mis en place avec pour objectif premier de renforcer l'engagement des jeunes et des citoyens dans la lutte contre cette corruption. Cette initiative comprend une campagne de communication d'envergure et la mise en œuvre du PICEES (Pacte d’Intégrité Corporelle dans l’Education et l’Enseignement Supérieur) par voie d’arrêté interministériel. L'accent est également mis sur la sensibilisation aux droits humains et aux différentes formes de violences et d'abus sexuels. TI-MG encourage fortement les témoins et les victimes de cette corruption à briser le silence en offrant un soutien actif. Un numéro vert, le 904, est mis à disposition pour permettre aux individus affectés de se faire entendre et de recevoir l'aide nécessaire.