Lutte contre la stigmatisation des règles à Madagascar : Un pas vers l'éducation inclusive des filles

Exclusion et isolement

Une récente étude menée par l’ONG CARE international Madagascar, en collaboration avec J-PAL (Abdul Latif Jameel Poverty Action Lab), a éclairé ce problème. Cette enquête, menée dans la région d’Amoron’i Mania, a mis en lumière la réalité douloureuse vécue par les jeunes filles de la communauté de Sakaivo Nord. Les menstruations, perçues comme « sales », enferment ces adolescentes dans un cycle d'exclusion et d'isolement, les contraignant à dormir dans des huttes séparées de leur foyer. Un tabou tel que près de la moitié des filles pensent mériter punition si leurs frères découvrent ce phénomène naturel. La société elle-même interdit toute discussion à ce sujet, même entre mères et filles. Le manque crucial d'informations pousse les femmes à utiliser des moyens inappropriés pour gérer leurs règles, mettant en danger leur santé. Cette réalité, malheureusement, les prive également d'accès à l'éducation, les forçant à manquer l'école pendant leurs règles.

Résultats scolaires améliorés

Pourtant, des lueurs d'espoir émanent de cette obscurité. L’ONG CARE international Madagascar, consciente de cette problématique, a entrepris des actions salvatrices. Des formations sont dispensées dans les écoles, tandis que des sanitaires adaptés et des serviettes hygiéniques lavables, confectionnées par des couturières locales, ont été fournies. Cette initiative courageuse a engendré un changement significatif. Les témoignages des habitants reflètent cet impact : des discussions familiales facilitées, une aisance accrue à parler d'hygiène menstruelle, et surtout, une nouvelle confiance chez les jeunes filles qui peuvent désormais participer activement aux activités scolaires même pendant leurs règles. Mais la plus grande réussite engendrée par ces actions a été la nette amélioration des résultats scolaires des filles ainsi que leur probabilité de réussite aux examens de fin d'année, passant de 50% à 60%.

Education inclusive et émancipatrice

Ces chiffres ne sont pas simplement des statistiques, ils incarnent l'espoir et le potentiel d'une éducation inclusive et émancipatrice pour toutes les jeunes filles de la région. Ces initiatives offrent un précieux rappel : la nécessité de briser les tabous pour permettre à ces filles de s'épanouir pleinement dans leur apprentissage. Il est essentiel de combattre ces idées préconçues, de normaliser les discussions sur les règles et de garantir l'accès à des moyens d'hygiène appropriés pour toutes. Ainsi, cette étude démontre la puissance de l’éducation comme levier de changement social. C'est une sonnette d'alarme, un appel à l'action pour tous les acteurs, de la société civile aux autorités, pour investir dans des initiatives similaires, afin de libérer le potentiel de chaque jeune fille malgache et de lui offrir un avenir meilleur, sans entraves ni tabous.