Crise des apprentissages à Madagascar : Des propositions de solutions concrètes pour un avenir meilleur
Dans les pays à revenu faible ou intermédiaire, la réalité est préoccupante : environ 70 % des enfants de dix ans ne peuvent pas lire et comprendre un texte simple. À Madagascar, les chiffres sont alarmants, révélant d'importants défis à relever. Selon le Tableau de bord des politiques mondiales de l'éducation (2021), seuls 3,8 % des élèves de la quatrième année de primaire atteignent 80 % des compétences minimales requises en lecture, écriture et mathématiques.
Optimisme injustifié et croyances erronées
Les taux de redoublement et d'abandon demeurent élevés à Madagascar, avec un taux de redoublement grimpant de 23 % en 2018-2019 à 31 % en 2019-2020. Le taux d'achèvement du cycle primaire est également en deçà des attentes, à peine supérieur à 50 % en 2020, alors que l'objectif était fixé à 69 %. Face à cette crise des apprentissages, la passivité persistante dans de nombreux pays est déconcertante. L'optimisme injustifié et les idées fausses, tant chez les décideurs politiques que chez les enseignants et les parents, constituent des obstacles supplémentaires. Il est crucial de briser ces croyances erronées pour débloquer le potentiel d'apprentissage des enfants. Les données recueillies en 2020 révèlent que des hauts responsables de l'éducation estimaient à tort que 47 % des enfants de dix ans dans leur pays savaient lire, alors que les évaluations indiquent que cette proportion n'est que de 23 %. Les enseignants, de leur côté, tendent à surestimer les compétences des élèves en retard, pensant souvent qu'ils se rattraperont seuls. Certains parents affichent un optimisme démesuré, malgré des échecs fréquents aux tests de base.
Des solutions existent
Cependant, des solutions existent et peuvent être appliquées pour remédier à cette crise. Une approche prometteuse est la méthode "l'enseignement au bon niveau" ou Teaching at the Right Level (TaRL). Développée par l'ONG indienne Pratham, cette méthode regroupe les enfants en fonction de leurs acquis réels, offrant un enseignement adapté pour acquérir les compétences de base. Cette approche s'est avérée efficace et économique, permettant l'équivalent de plus de trois années de scolarisation de qualité pour un investissement de 100 dollars. L'apprentissage adaptatif, utilisant des logiciels spécialisés pour ajuster les leçons au niveau de chaque élève, est une autre alternative. La participation active des communautés peut également stimuler le changement. En Inde, le programme Illam Thedi Kalvi s'est appuyé sur 200 000 bénévoles non enseignants, pour des programmes de rattrapage quotidiens après les cours, comblant les lacunes causées par la COVID-19. L'exemple de Sobral, au Brésil, démontre qu'avec des décisions politiques audacieuses axées sur l'amélioration de l'apprentissage, il est possible de transformer la situation éducative d'une ville entière.
La crise des apprentissages n'est pas une fatalité. Des solutions existent, rapides, rentables et généralisables. Avec des objectifs clairs et réalisables, ainsi que la volonté politique nécessaire, le changement est possible. Gouvernements, communautés, parents et enseignants ont tous un rôle primordial à jouer. L'horizon des Objectifs de développement durable en matière d'éducation peut être atteint si tout le monde agit collectivement.