Musique en deuil : Zôzô, une vie au service de la musique malgache s’éteint
Hommage à un artiste humble. Le musicien Zôzô, figure discrète mais essentielle du bà gasy, s’est éteint à 79 ans. Père de la chanteuse Poopy, il laisse un héritage musical profond et émouvant.
Un artiste de l’ombre
Le monde artistique malgache vient de perdre l’un de ses plus grands serviteurs. Ramahavalisoa José Allain Raymond, connu sous le nom de Zôzô, est décédé dans la nuit du dimanche 13 au lundi 14 avril 2025, à l’âge de 79 ans. Commandeur de l’Ordre National, il fut un musicien accompli, respecté pour sa discrétion et admiré pour son immense talent.Derrière ce nom se cache un homme humble, peu enclin à se mettre en avant, mais dont la présence a marqué plusieurs générations d’artistes. Père de Poopy et de Janou, frère de Voahirana, Zôzô a accompagné de grands noms comme Henri Ratsimbazafy, Salomon, Romule ou encore le groupe Kintana Telo. Sa spécialité : le ba gasy, qu’il savait faire vivre avec une sensibilité rare. C’est en 1979, dans la troupe théâtrale Ramarokoto Analamanga, qu’il s’impose pour la première fois. À la fois musicien, chanteur et comédien, il s’illustre par sa polyvalence. Par la suite, il rejoint des formations comme Ny Omaly et Vôkn’in, où il deviendra un repère musical incontournable.
Une mémoire vivante
Mais Zôzô, c’était bien plus qu’un accompagnateur de talent. Il était un gardien de la mémoire musicale, un passeur. À travers les reprises des grandes œuvres du passé, il faisait résonner l’âme malgache, transmettait un héritage souvent méconnu, toujours précieux. Il formait, conseillait, encourageait sans jamais chercher la reconnaissance. Pour sa famille, ses amis et toute la communauté artistique, la douleur est immense. Sur les réseaux sociaux, les hommages affluent. « Moramora i Papa… », a écrit sobrement sa fille Poopy, exprimant avec pudeur la perte d’un père et d’un mentor. À l’étranger aussi, dans la diaspora, nombreux sont ceux qui pleurent un musicien qui a su toucher les cœurs sans jamais hausser la voix. Zôzô s’en est allé, mais son empreinte restera vive. Dans chaque note de ba gasy, dans chaque jeune musicien qu’il a inspiré, son esprit continuera de vibrer.