Budget santé 2026 : Madagascar loin des 15 % prévus par la Déclaration d’Abuja
Le projet de loi de finances pour 2026, désormais transmis à l’Assemblée nationale pour examen, prévoit une part de 5,43 % du budget national consacrée à la santé, bien en deçà des 15 % recommandés par la Déclaration d’Abuja.
Budget alloué à la santé, insuffisant
Le Conseil des ministres a approuvé la semaine dernière le projet de loi de finances initiale (PLFI) 2026, d’un montant total de 15 777 milliards d’Ariary, en légère progression par rapport à 2025. Ce budget, préparé depuis mars sous l’ancien gouvernement et ajusté récemment par les autorités de transition, met l’accent sur certains secteurs jugés prioritaires, notamment l’énergie. En revanche, la santé, le tourisme et l’accès à l’eau demeurent sous-financés, malgré les besoins croissants de la population. Pour le secteur de la santé publique, les crédits passent de 921 milliards d’Ariary en 2025 à 856 milliards en 2026. En pourcentage, la part du ministère de la Santé chute ainsi à 5,43 % du budget national, loin de l’objectif fixé par la Déclaration d’Abuja, signée en 2001 par les États africains, qui engage les pays à consacrer au moins 15 % de leurs ressources nationales à la santé.
Cette allocation limitée contraste avec les ambitions de Madagascar en matière de développement durable. Le pays s’est en effet engagé à atteindre l’Objectif de Développement Durable (ODD) n°3, relatif à la santé et au bien-être. Mais dans la pratique, de nombreux programmes demeurent largement tributaires de l’aide internationale. Le financement de la vaccination en est une illustration. En 2025, la Loi de Finances Initiale allouait 73,8 milliards d’Ariary à ce programme, soit 8 % du budget du ministère de la Santé. Toutefois, plus de 80 % de ces fonds provenaient de partenaires extérieurs, et cette enveloppe ne couvrait qu’environ 10 % des besoins estimés pour l’année, selon la Stratégie nationale de vaccination 2023–2027.
Renforcement de l’engagement national
Cette forte dépendance devient d’autant plus préoccupante que certains bailleurs se désengagent partiellement. Lors du sommet de Gavi à Bruxelles en juin 2025, les États-Unis ont annoncé la fin de leur soutien financier à l’Alliance, mettant un terme à un engagement annuel initial de 1 milliard USD jusqu’en 2030. Cette décision fragilise la mobilisation de ressources de Gavi, qui tente de réunir 12 milliards USD pour vacciner 500 millions d’enfants dans les pays à faible revenu. Si l’Union européenne s’est positionnée comme principal contributeur avec 360 millions EUR sur cinq ans, les perspectives demeurent incertaines. Madagascar, directement concerné par cette transition, devra renforcer son engagement national et accroître progressivement sa contribution au financement du programme de vaccination.
Face à ce contexte budgétaire et financier, les organisations de la société civile appellent à une plus grande cohérence entre les engagements internationaux du pays et ses politiques nationales. Une augmentation de la part du budget dédiée à la santé, une meilleure visibilité des crédits et une planification en vue de l’autonomie financière sont jugées indispensables pour garantir la continuité des services de santé et réduire la dépendance extérieure.
                
                
                
                
                
                
                
    

