La vanille malgache poursuivra son déclin

Catastrophique. La qualité de la vanille malgache continuera de poursuivre son déclin pour cette saison 2018. La prévision vient de la compagnie Aust & Hachmann Canada dans sa mise à jour du marché mondial de gousse de vanille le 18 mai dernier. Cette compagnie est l’un des plus gros négociants en gousse de vanille au monde. Et dans son rapport, elle précise que l’emballement sous vide et récolte précoce de vanille verte qui ont rythmé la saison dernière, persisteront en 2018 et porteront un coup dur à la réputation de la gousse malgache déjà plus au bas sur le marché mondial.

« Bien que la qualité ait été améliorée au cours de 2016, au fur et à mesure que la saison progressait, la qualité s'est considérablement dégradée, principalement en raison des vanilles immatures combinés à l'emballage sous vide des vanilles vertes semi-secs. La vanille de Madagascar ne retrouvera jamais sa qualité initiale tant que la pratique du conditionnement sous vide et récole précoce de vanille verte est autorisée », indique Aust & Hachmann Canada dans son rapport.

Selon ce négociant, Madagascar pourrait enregistrer la même quantité de production en 2018 comparée à la dernière saison, c’est-à-dire à 1500 tonnes de vanille mais avec un déclin de qualité.

La dégringolade de la qualité de la vanille malgache ne date pas d’aujourd’hui. L’année dernière, les exportateurs ont tiré la sonnette d’alarme devant certaines situations à savoir la recrudescence de vols de gousses sur pieds, la violation des règles de production, de récolte, de conditionnement, la flambée des prix. Des faits qui ont plombé la saison 2017.

Au mois de février, une quarantaine d’opérateurs dans le secteur avait rencontré le Président Hery Rajaonarimampianina à Iavoloha pour exposer le problème de la filière. A en croire le communiqué de la Présidence, le Chef d’Etat a fait savoir que les problèmes qui minent le secteur doivent être discutés au sein de la Plateforme Nationale de la Vanille. « C’est à vous, opérateurs économiques, de prendre en mains toutes les opportunités d’affaires offertes par le secteur vanille. Il faudrait anticiper pour reconquérir notre renommée de premier producteur mondial, d’autant que nous avons déjà perdu la première place en girofle », a déclaré le locataire d’Iavoloha devant les opérateurs économiques.

Par ailleurs, le gouvernement tente de mettre en place une série de contrôles à l'exportation visant à décourager la cueillette hâtive et le vol gousses de vanille. « Tout d'abord, les exportateurs et les collecteurs sont tenus d'enregistrer tous les lots de vanille qu'ils souhaitent exporter après la date limite de la mi-mai qui était le 30 avril. Deuxièmement, comme ce fut le cas la saison dernière, la nouvelle récolte de 2018 ne pourra être exportée qu'après le 15 octobre », indique Aust & Hachmann Canada dans son rapport.

La vanille de Madagascar est très prisée sur le marché international. Elle sert surtout comme ingrédient majeur dans l'industrie agro-alimentaire. Le pays reste le premier producteur mondial du secteur. L'exportation a généré une recette de 590 milliards ariary en 2015 et de 1203 milliards ariary en 2016, d'après le tableau de bord économique publié en janvier 2017.

Lova Rafidiarisoa