Commerce régional - Le marché africain laisse perplexe
Malgré les opportunités d’affaire, offertes par les zones de libre échange, les opérateurs émettent des réserves, notamment, sur la lenteur des procédures administratives.
Au bilan. La onzième édition du forum africain du secteur privé s’est achevée, vendredi, au Centre de conférence international Ivato. Elle a pour principal objectif de renforcer la plateforme continentale pour discuter et présenter des projets réussis et des modèles d’affaires tout en promouvant un secteur privé africain proactif et dynamique.
L’évènement aura été l’occasion pour l’ensemble des opérateurs du privé africain de clarifier certains points de blocage sur l’ouverture effective du marché continental pour ces derniers. Marché déjà ouvert à un certain niveau grâce à la Zone de libre échange continentale mais qui reste, toutefois, plutôt restreint pour la plupart des opérateurs dans la mesure où les conditions et contextes économique et politique diffèrent pour chaque pays.
« À défaut de changements radicaux des politiques publiques, la plupart des entreprises africaines risquent de ne pas être en mesure de tirer parti des avantages offerts par la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf), un marché fort d’un milliard deux cent millions de consommateurs », explique Victor Harison commissaire aux affaires économiques de l’Union africaine. Une façon pour ce responsable de montrer que les marchés intérieurs africains, en pleine expansion, offrent de formidables possibilités de transformation des systèmes de production sur tout le continent.
Selon le rapport de l’Union Africaine présenté en marge du forum, « l’Afrique a enregistré une croissance annuelle de 4,6 % de son produit intérieur brut (PIB) entre 2000 et 2018, la demande intérieure comptant pour 69 %. Selon les prévisions, cette croissance devrait s’établir à 3,6 % en 2019 et rester solide à 3,9 % entre 2020 et 2023. La demande régionale de produits alimentaires transformés augmente 1,5 fois plus rapidement que la moyenne mondiale ». Des opportunités de marché sur lesquelles lorgnent un bon nombre d’opérateurs malgaches présents au forum. Ces derniers émettent, pourtant, des réserves sur les possibilités, pour les producteurs malgaches, de conquérir le niveau régional. « Nous avions pu trouver des opportunités d’affaire au Rwanda lors d’un voyage organisé là-bas, il y a quelque temps. Nos futurs clients étaient prêts à passer commande. De notre côté, nous nous sommes déjà préparés à l’augmentation de la production en gardant les normes exigées par ces clients. Un bémol est alors apparu sur le plan administratif à propos de l’agrément d’exportation. Le temps que nous l’obtenions, le client avait déjà trouvé d’autres fournisseurs », déplore un chef d’entreprise présent à Ivato. Il cite ainsi le point de vue du commissaire aux affaires économiques de l’Union africaine qui préconise de radicaux changements des politiques publiques pour ce qui est de la promotion des entreprises africaines. Ce dernier qui conclut que « ces entreprises africaines, pour se développer sur le marché régional, ont besoin que les pouvoirs publics mettent en place des conditions plus favorables pour qu’elles puissent prospérer, notamment, encourager la création de réseaux de production régionaux pour favoriser les économies d’échelle entre les pays africains ».