Relance de l’exportation de l’or : Un cadre plus strict pour le secteur aurifère malgache
Le gouvernement malgache a approuvé, lors du Conseil des ministres du 19 mars 2025, un ensemble de mesures visant à encadrer l’exportation légale de l’or et à constituer une réserve nationale. L’objectif est de mieux structurer le secteur aurifère, d’assurer plus de traçabilité et d’optimiser les retombées économiques pour le pays.
Exportation légale de l’or
L’exportation légale de l’or avait repris en 2016, mais le manque d’impact sur l’économie nationale et l’absence de rentrées en devises étrangères dans le Trésor public ont conduit à sa suspension. Face à cette situation, le gouvernement a entrepris une série de réformes pour sécuriser et encadrer la filière aurifère. En mars 2024, l’interdiction d’exportation, en place depuis septembre 2020, a été levée, permettant ainsi une reprise contrôlée des exportations. Dans le cadre de cette nouvelle politique, un appel à manifestation d’intérêt sera lancé pour sélectionner des opérateurs capables d’exporter jusqu’à quatre tonnes d’or par an. Parallèlement, une réserve nationale de quatre tonnes sera constituée sous l’autorité de la Banque Centrale de Madagascar. Cette initiative vise à assurer une meilleure gestion des stocks d’or du pays et à stabiliser le marché.
Les opérateurs intéressés devront mettre en place un circuit commercial structuré, impliquant une traçabilité complète depuis les sites d’extraction. Seuls ceux qui répondront aux critères définis par l’État se verront attribuer des « agréments de comptoir ». Ces agréments seront strictement réglementés et pourront être retirés en cas de non-respect des engagements pris, notamment ceux définis dans le cahier des charges.
Réduction de l’orpaillage clandestin
La Banque Centrale de Madagascar assurera la collecte de l’or auprès des principaux districts producteurs, à savoir Mananjary, Maevatanana, Miandrivazo et Ambilobe. Les volumes d’or collectés seront enregistrés et acheminés sous supervision jusqu’à Antananarivo. Ce processus vise à garantir une meilleure transparence et à éviter les sorties illégales de métal précieux. Pour garantir le bon déroulement des opérations, les forces de l’ordre seront mobilisées afin d’assurer le respect de la réglementation sur l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement. Le ministère des Mines sera responsable de la délivrance des agréments, tandis que les exploitants et collecteurs devront obligatoirement s’enregistrer auprès d’un « comptoir de l’or » afin d’assurer une meilleure gestion du secteur.
Selon l’Agence Nationale Anti-Fraude (ANAF), plus de 80 % de l’or malgache est exporté vers Dubaï. En 2018, seulement trois tonnes d’or avaient été déclarées en douane, alors que 15 tonnes auraient quitté le pays illégalement. En instaurant ces nouvelles mesures, Madagascar espère réduire l’orpaillage clandestin, capter une plus grande part des bénéfices issus de l’exploitation aurifère et renforcer son économie grâce à une gestion plus efficace de cette ressource stratégique.