Première banderille démocrate au Congrès contre le "mur de Trump"
Première banderille démocrate au Congrès contre le "mur de Trump"
Les démocrates américains s'apprêtent mardi à approuver, à la chambre basse du Congrès, une résolution visant à annuler l'"urgence nationale" décrétée par Donald Trump, un premier revers partisan qui pourrait se transformer en camouflet pour le président si le Sénat, à majorité républicaine, leur emboîte le pas.
Cette perspective semble de plus en plus probable à mesure que des sénateurs républicains expriment leur malaise face à cette mesure exceptionnelle, voire leur volonté de voter pour le texte démocrate.
Mais si la résolution parvenait à être approuvée par les deux chambres du Congrès, Donald Trump a promis de la bloquer.
"L'administration s'oppose fermement" à ce texte, a réitéré la Maison Blanche mardi, dans un communiqué. Si le texte était présenté en l'état au président pour qu'il le promulgue, "ses conseillers lui recommanderaient qu'il y mette son veto", souligne la Maison Blanche.
Les démocrates auraient alors peu de chances d'outrepasser ce veto, puisqu'il leur faudrait une majorité des deux-tiers au Congrès.
Reste que cette éventualité marquerait un coup dur pour le président républicain, qui serait contraint d'utiliser le premier veto de sa présidence pour forcer le passage d'une de ses décisions les plus controversées.
Toujours très populaire auprès de la base du parti, Donald Trump a d'ailleurs mis en garde publiquement les sénateurs républicains sur Twitter lundi soir, les appelant à ne pas "tomber dans +piège+ des démocrates".
C'est pour honorer une grande promesse de sa campagne de 2016 que le président républicain a décidé, le 15 février, de contourner le blocage du Congrès en décrétant directement depuis la Maison Blanche une "urgence nationale".
Objectif de cette mesure exceptionnelle: débloquer des fonds pour ériger un mur à la frontière avec le Mexique qui, selon Donald Trump, freinera l'immigration clandestine.
L'initiative a provoqué une immédiate levée de boucliers, dans l'opposition démocrate, mais aussi chez certains républicains qui y voient une atteinte grave aux prérogatives du Congrès, normalement responsable des "cordons de la bourse" des fonds publics.
Une féroce bataille judiciaire a en parallèle été lancée par 16 Etats américains dès le 18 février, avec une plainte déposée devant un tribunal fédéral en Californie. Elle pourrait remonter, à terme, jusqu'à la Cour suprême.
"Pour défendre notre démocratie, la Chambre (des représentants, ndlr) approuvera demain la résolution", a promis lundi la présidente de la Chambre des représentants, la démocrate Nancy Pelosi.
Le vote devrait avoir lieu en fin d'après-midi.
Introduite par les démocrates à la Chambre, où ils sont majoritaires, la résolution contre cette déclaration a déjà plus de 225 soutiens dans l'hémicycle, soit plus que la majorité nécessaire à son passage.
# "Pas de prévisions"
Le texte doit ensuite arriver sous 15 jours au Sénat, contrôlé par les républicains (53 sièges sur 100), où il aura besoin d'une majorité simple pour être adopté.
L'influent chef de la majorité républicaine, Mitch McConnell, a reconnu mardi l'incertitude planant dans son camp, alors que déjà trois sénateurs ont indiqué qu'ils voteraient certainement, ou très probablement, avec les démocrates.
Si les 47 démocrates votent en bloc, il ne manquera plus qu'une voix républicaine pour approuver le texte. Or, plusieurs autres sénateurs républicains, comme Marco Rubio et Mitt Romney, ont exprimé leur désaccord avec la déclaration d'"urgence nationale".
"A ce stade, je ne pourrais pas faire de prévisions sur l'issue du vote", a souligné Mitch McConnell devant les journalistes.
Donald Trump réclamait depuis des mois près de six milliards de dollars pour ériger ce mur. Pas question, rétorquaient les démocrates. Cette bataille avait plongé les Etats-Unis dans le plus long "shutdown", ou impasse budgétaire, partielle, de leur histoire, entre décembre et janvier.
Finalement, républicains et démocrates du Congrès étaient parvenus à un accord budgétaire comprenant une enveloppe de près d'1,4 milliard de dollars pour la construction de "barrières".
Mécontent, Donald Trump avait accepté de signer cette loi de financement pour éviter un "nouveau shutdown", mais avait du même coup décrété l'"urgence nationale".
D'après la Maison Blanche, il pourra ainsi débloquer des fonds fédéraux-notamment destinés au Pentagone-# et atteindre un budget total de huit milliards de dollars.