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Nationale

Monde carcécal - Des prévenus périssent en prison

23/10/2018 21:00 © Moov

La gravité des conditions carcérales inquiète les défenseurs des droits de l’Homme. Le CNIDH exhorte des actions urgentes et concrètes.


Urgence. Un prévenu en détention à la maison carcérale d’Antanimora a succombé sur un lit d’hôpital, au mois de juin, avant même qu’il soit jugé coupable ou non du délit dont il est accusé. Le retard de son hospitalisation aurait favorisé son décès. « Il a été malade depuis un long moment. Mais nous n’étions pas en mesure de l’envoyer à l’hôpital. Les juges ont mis du temps à donner l’avis favorable de son évacuation. Il a tiré ses révérences le lendemain de son admission à l’hôpital», souligne le chef d’établissement, le contrôleur principal d’administration pénitentiaire Tahiana Rakoto­nanahary, hier, dans le cadre de la table ronde du ministère de la Justice et de la société civile, sur l’urgence de l’amélioration des conditions de détention, organisée par la Com­mission nationale indépendante des droits de l’homme (CNIDH). Depuis le début de l’année, dix-huit personnes détenues à Antanimora ont perdu la vie. En 2017, on en a compté cent vingt sept sur tout le territoire national. Cinquante deux d’entre eux sont des personnes en détention préventive, selon le rapport de l’Amnesty Interna­tional, hier.
Les conditions carcérales exposent la vie des prisonniers au danger. On y meurt souvent de tuberculose ou d’autres maladies respiratoires. Beaucoup souffrent de la malnutrition à cause de la ration journalière de 300 grammes de manioc sec par personnes qui n’est servie que dans l’après-midi. La surpopulation les oblige à vivre en promiscuité. À Antanimora, des cellules abritent jusqu’à cent quarante détenus. Ailleurs, ce chiffre peut augmenter jusqu’à trois cents. La prise en charge des malades ne fait qu’aggraver la situation, avec l’insuffisance de personnel médical et de médicaments, dans les établissements pénitentiaires.
<strong>Humanisation</strong>
Les défenseurs des droits de l’Homme déplorent la situation. Amnesty Interna­tional dénonce tout particulièrement « le recours injustifié, excessif et prolongé à la détention préventive ». Des prévenus peuvent rester jusqu’à plus de 5 ans dans les prisons sans être jugés, faute d’avocat. « Lors d’un sondage sur près de deux mille prévenus, plus de 80 % ont dit qu’ils n’avaient jamais vu un avocat », souligne Tamara Leger, Amnesty International. Et selon Mireille Rabenoro, présidente de la CNIDH, la non considération du circulaire de critères de mise en détention provisoire accroît l’effectif des détenus. Car à Madagascar, les prévenus sont plus nom­breux que les condamnés. Sur les vingt quatre mille détenus sur tout le territoire, plus de 60 % attendent encore leur procès. Le ministère de la Justice ferait déjà de sa priorité l’humanisation de la détention. Il a annoncé, entre autres, la construction de nouveaux établissements pénitentiaires à Ilafy, ainsi que l’amélioration des conditions des détenus de par l’augmentation du budget alloué pendant l’exercice 2019 qui devrait permettre l’amélioration de l’alimentation. La libération sous caution selon les délits, la redynamisation des camps pénaux figurent parmi les mesures alternatives envisagées, pour diminuer la population incarcérée.
Amnesty international et la CNIDH exhortent, en outre, des actions urgentes et concrètes pour l’amélioration des conditions de détention. « Nous encourageons l’élaboration d’un plan national d’action, avec des objectifs très précis. Par exemple, séparer tous les condamnés des prévenus, les mineurs des
adultes, et puis aussi d’avoir recours beaucoup plus aux alternatives à la détention. (…) Il faut urgemment investir des ressources financières dans le système juridique, former des avocats, pour que chaque établissement pénitentiaire puisse accueillir des avocats commis d’office qui puissent aider les prévenus», rajoute Tamara Leger. Et durant cette table ronde organisée par la CNIDH, l’implication de tous les acteurs dans l’amélioration des conditions de détention se hisse parmi les points retenus.

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