Propagation du covid-19 - Andry Rajoelina pointe du doigt le laxisme
En déplacement à Toamasina, le président de la République dénonce le manquement aux dispositifs sanitaires. Il lance un rappel à l’ordre et exige l’intransigeance des responsables
La guerre contre le coronavirus n’est pas encore gagnée. Andry Rajoelina, président de la République l’a souligné lors de son déplacement dans la ville de Toamasina hier. Constatant de multiples entorses aux mesures sanitaires, le chef de l’État est sorti de ses gonds. Il requiert ainsi, l’autodiscipline de la population, mais aussi, plus de fermeté de la part des autorités.
Après Antananarivo, la capitale de la région Atsinanana compte le plus grand nombre de personnes positives au Covid-19. Ce sont essentiellement des cas contacts. À l’instar d’Antananarivo, voire plus, à entendre le Président hier, la plupart des habitants de Toamasina seraient hermétiques au respect des dispositions sanitaires.
« Je suis outré », affirme Andry Rajoelina, en martelant qu’« en ne respectant pas les mesures mises en place, nous mettons en danger toute la nation ».
Sur le perron de l’hôtel de ville de Toamasina, le chef de l’État tance, « Les responsables à tous les niveaux doivent faire preuve de fermeté. Chaque habitant doit respecter les mesures en vigueur », exige ainsi le chef de l’État. À Toamasina, il crève, également, l’abcès sur les laxismes sur l’interdiction pour les personnes de sortir ou d’entrer des régions en confinement. « Comment des personnes venant de Toamasina peuvent-ils encore arriver jusqu’à Antananarivo ? », fulmine-t-il.
Une vingtaine de personne venant de Toamasina auraient été testées positives au Covid-19, à leur arrivée dans la capitale, selon le discours présidentiel. Celuici a également, fait des remontrances aux employés d’Ambatovy.
Ces derniers auraient bravé la mise en quarantaine qu’il a édictée dimanche. Une partie des cas de contamination recensés à Toamasina sont pourtant, des employés de ce projet.
Si Andry Rajoelina plaide une nouvelle fois sur l’efficacité du Covid-Organics contre le coronavirus et recommande ardemment sa prise par la population, il souligne néanmoins, l’importance de respecter les gestes barrières. L’allocution présidentielle à Toamasina met en lumière deux failles conséquentes dans la lutte contre la pandémie.
Il y a l’indiscipline d’une partie la population, mais aussi, le laxisme de certains responsables.
Plusieurs personnes font le va et vient entre les régions confinées au nez et à la barbe des autorités. Il y a ceux qui craignent qu’il pourrait y avoir complicité de certains.
Les moyens de locomotions sont les véhicules de transports de marchandises et même des véhicules particuliers. La plupart n’ont pas d’autorisation spéciale. Ceux qui en ont en profitent pour transporter clandestinement des voyageurs qui paient au prix fort leur siège.
L’annonce des trente-cinq nouveaux cas d’hier, dont vingt-deux à Antananarivo selon les chiffres officiels, a donné des sueurs froides aux habitants de la capitale. La ville concentre le plus grand nombre de personnes atteintes du Covid-19 jusqu’ici.
Tout comme Toamasina, ses habitants sont têtus. Le déconfinement partiel n’a pas arrangé les choses. Même dans les zones épicentres de la maladie, les gestes barrières sont absentes. La plupart portent le cache bouche par crainte des sanctions et non de la contamination.
Dans des quartiers populaires comme Soavimasoandro et Mahatony où plus d’une dizaine de cas sont recensés dont des enfants, c’est le charivari du matin au soir. Les bus sont pleins à craquer une fois engagés, dans les rues où il n’y a pas de surveillance policière. Des habitations deviennent des casinos improvisés. Les rares accalmies sont les instants de ronde des forces de l’ordre. Les mêlées quotidiennes causées par la mauvaise organisation de la distribution des aides sociales compliquent, du reste, le respect des gestes barrières.
