Rajoelina lance la refondation de l’entrepreneuriat
Face aux cadors du secteur privé, hier, le président de la République a affirmé que l’émergence du pays passe par l’industrialisation. Pour y parvenir, il table sur une nouvelle approche de l’entrepreneuriat.
L’ÉMERGENCE se fera par l’industrialisation. Andry Rajoelina, président de la République, l’a souligné, hier, durant la rencontre les poids lourds du secteur privé, au palais d’Etat d’Iavoloha. Un objectif qui implique, toutefois, un changement de cap dans la conception de l’entrepreneuriat par les acteurs. Un but qui nécessite une véritable « refondation ».
La rencontre tant attendue entre l’Etat et le secteur privé s’est finalement concrétisée. En raison des gestes barrières, le rendez-vous se fera en deux temps. Le premier round d’hier, a vu la participation des gros entrepreneurs et des industriels.
Dans sa prise de parole en ouverture du rendez-vous, le président Rajoelina a annoncé d’entrée les intentions étatiques. « Comment capitaliser cette crise pour que l’économie malgache soit plus forte, plus solide demain ? ».
A cette question, le locataire d’Iavoloha apporte comme réponse, l’industrialisation. Les conséquences de la pandémie du coronavirus, visiblement, confortent la conviction présidentielle que « tout ce dont le pays et la population, ont besoin au quotidien, doit être produit localement ». L’Etat veut, vraisemblablement, profiter de la relance imposée par la crise sanitaire pour faire prendre un virage à 180° à l’orientation économique du pays.
Durant les échanges qui se sont déroulés à huis clos, hier, Andry Rajoelina aurait parlé de « refondation de l’entrepreneuriat ». Une manière de dire que l’industrialisation du pays nécessite une nouvelle approche, autant de la part du secteur privé, que de l’Etat. Faisant la comparaison avec d’autres pays africains comme le Ghana, qui produit des fèves de cacao à une quantité industrielle, Andry Rajoelina regrette que la Grande île produise peu.
La qualité des produits « made in Madagascar », fait pourtant, l’unanimité. « Alors où est le problème ? », s’interroge le président de la République. Répondre à cette problématique est, en partie, l’objet des échanges entre les industriels et l’Exécutif, hier. Affirmant que la vision économique est, aujourd’hui claire et sans ambages, Andry Rajoelina affirme que l’Etat sera un facilitateur, pour lever les différents blocages à l’industrialisation du pays.
« Le plan Marshall annoncé, dimanche, prévoit une industrialisation régionale à l’échelle nationale, basée sur les potentialités de transformation de chaque région », déclare le Président. A l’entendre, « le défi est de construire une usine, au moins, dans chaque district et créer, au minimum, cent métiers localement ». Parlant de secteurs-clés où des investissements sont nécessaires, Andry Rajoelina a parlé de plusieurs mesures incitatives.
L’agroalimentaire, le tourisme et le transport maritime et fluvial ont, notamment, été cités en exemples. « Les procédures administratives pour des filières stratégiques seront facilitées, au même tire que l’accès au financement », affirme le Chef de l’Etat. Une facilité d’accès au foncier, la fin du monopole et des allégements fiscaux ont, aussi, été annoncés, hier.
Le Président ajoute même que l’Etat est prêt à revoir sa politique douanière pour tout ce qui concerne la concrétisation du challenge d’industrialisation de Madagascar.
Un accompagnement des opérateurs et industriels malgaches, pour une plus forte présence sur les marchés régionaux comme le Marché commun de l’Afrique orientale et australe (COMESA), et la Communauté de développement de l’Afrique austral (SADC). L’industrialisation du pays passe, toutefois, par un investissement massif. A entendre l’allocution présidentielle d’hier, l’Etat compte sur les acteurs du secteur privé. Plusieurs d’entre eux en ont les moyens.
La refondation de l’entrepreneuriat qui mènera à l’industrialisation compte mettre l’accent sur « le patriotisme économique ». En contrepartie du soutien étatique, Andry Rajoelina demande, « investissez d’abord au pays avant d’investir ailleurs ». Il ajoute, « aujourd’hui plus que jamais, je fais appel au patriotisme économique de chacun, soyons les bâtisseurs de l’économie malgache ».