Chef de l’opposition : Marc Ravalomanana écarté

Le nouveau texte sur le statut de l’opposition et les partis d’opposition, qui vient d’être adopté par le Sénat, impose le statut de député élu pour occuper le poste de « chef de l’opposition officiel ». Et le poste de vice-président de l’Assemblée nationale revient de facto à ce parlementaire qui sera désigné « par voie consensuelle » par les députés « membres de l’opposition parlementaire ». Cette disposition apportée par le nouveau texte écarte les figures de l’opposition comme Marc Ravalomanana, Hery Rajaonarimampianina ou Rivo Rakotovao, dans le schéma institutionnel. Par contre, elle donne l’opportunité aux députés du Tiako i Madagasikara, comme Hanitra Razafimanantsoa, Fidèle Razara Piera, ou encore à Roland Ratsiraka, élu du Malagasy Tonga Saina, de se hisser comme nouveau chef de l’opposition officiel.

Couverture médiatique

 Alors que l’adoption du nouveau texte n’est pas encore bouclée, le feu vert du Sénat, hier, a donné le coup d’envoi de la course au poste de nouveau chef de l’opposition qui ne sera ouvert qu’aux députés qui s’opposent au régime. Les parlementaires du Tiako i Madagasikara sont donnés favoris pour l’obtention du poste de 7ème vice-président de la Chambre basse. Le champ de l’opposition dans la Chambre basse est largement occupé par ce parti qui pèsera lourd dans le choix du prochain titulaire de ce poste de privilège à Tsimbazaza. Car lorsque le nouveau texte entrera en vigueur, il reconnaîtra certains droits qui reviennent au chef de l’opposition, notamment « le droit à la couverture médiatique des manifestations liées à l’accomplissement de sa mission, le droit de prendre la parole pour une durée de quinze minutes lors des sessions réservées aux questions au Gouvernement, le droit d’avoir un rang protocolaire équivalent à celui de vice-président de l’Assemblée nationale, le droit de recevoir ou d’être reçu par les missions diplomatiques accréditées à Madagascar et les personnalités étrangères en visite à Madagascar ».

Marc Ravalomanana a convoité ce poste. L’ancien président, figure de l’opposition, a déjà été plébiscité par ses pairs comme leader de l’opposition. C’est dans cette optique qu’il a été élu président de la plateforme « Rodoben’ny Mpanohitra ho an’i Demokrasia eto Madagasikara ». Cette organisation regroupe plusieurs formations politiques qui s’opposent au régime et a choisi le fervent adversaire de Andry Rajoelina pour la diriger. L’ancien président, finaliste de la présidentielle de 2018, mène alors le front contre le régime. Il est talonné par Hery Rajaonarimampianina qui, lui, s’affiche plus discret que ses lieutenants. Rivo Rakotovao, ancien président du Sénat et coordinateur du parti Hery Vaovao ho an’i Madagasikara, forme une autre aile d’opposant avec un style plus « soft ».

Quoi qu’il en soit, l’opposition reste animée sous la houlette de Marc Ravalomanana. Ce dernier qui s’est muré dans le silence durant les trois derniers mois est sorti de son mutisme. L’ancien président, leader de l’opposition, qui s’est replié à cause de la pandémie revient au front contre le régime en place. Lors d’une déclaration faite lundi dernier à son quartier général à Bel’air, l’ancien président a demandé plus de latitude pour l’opposition. « Donnez-nous de l’espace », a-t-il réclamé. « Le cas échéant », il a évoqué « la rue » et a soutenu que « si le régime nous refuse un lieu public pour nous réunir, nous risquons de choisir la rue ». Il a insisté sur ce point lors d’une émission spéciale diffusée hier sur la chaîne MBS. En février dernier, le gouvernement a déjà refusé à l’opposition de tenir une manifestation en centre-ville. L’accès à la place du 13 mai a été verrouillé par des milliers d’éléments des forces de l’ordre et le projet de manifestation mijoté par les partisans de Marc Ravalomanana a été avorté.

Rija R.