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Nationale

Détournement Croix-Rouge - Quatre responsables condamnés

24/06/2021 03:02 © Moov

Un assistant logistique de la Croix Rouge Malagasy a été condamné à six ans de travaux forcés, ses trois collègues à cinq ans. Des peines assorties d’amende.


Il faut être pa­tient pour connaître le dénouement du procès d’hier, à la Cour criminelle ordinaire près le Pôle anticorruption (PAC), aux 67ha. L’audience a commencé à 11h et ne s’est terminée qu’à 20h10. Elle concerne un détournement de deniers publics, d’un montant de 145 075 650 ariary, de la Croix Rouge tout au long de la réalisation d’un projet d’atelier de formation en gestion des catastrophes naturelles, en 2016 et 2017. L’atelier a été effectué à Manakara, Vohipeno, Feno­arivo Antsinanana, Ampara­faravola et à Morondava.

Le chef de projet à Moron­dava, son comptable, son assistant logistique et un chargé d’appui technique, tous travaillant pour la Croix Rouge Malagasy et une comptable de la Croix Rouge Allemande ont comparu à la barre. Deux autres coaccusés ont fait faux bond.
Les deux premiers inculpés ont été condamnés à cinq ans de travaux forcés avec 40 millions d’ariary d’amende. Le troisième purgera six ans de travaux forcés avec également 40 millions d’ariary. Un des absents a, lui aussi, eu cinq ans de travaux forcés et 40 millions d’ariary d’amende. Le tribunal sortira son mandat d’arrêt. Les autres ont été acquittés au bénéfice du doute.

La Cour a condamné les accusés aux dépens. Elle a accordé et fixé à 190 millions d’ariary les dommages et intérêts de la Croix Rouge Malagasy qui en a demandé 200 millions d’ariary. Elle s’est portée partie civile avec la Croix Rouge norvégienne. Celle-ci, en tant que partenaire financier de la structure locale, a réclamé 300 millions d’ariary à titre de dommages et intérêts. Elle a subi aussi bien un préjudice matériel que moral, selon son avocat. « Surtout qu’elle a un compte à rendre à ses donateurs », a-t-il expliqué. La Cour a rejeté sa requête.

Les cinq inculpés présents ont tous nié les faits sur lesquels ils sont reprochés, dont le détournement, faux et usage de faux en écriture bancaire et de commerce.

Dès le début de l’audi­ence, l’avocate du comptable du projet a recommandé la disqualification du détournement de deniers publics. « La Croix Rouge est une association de droit privé. Les fonds manipulés étaient dédiés aux intérêts de ses membres qui ont participé à l’atelier de formation. Il s’agit donc d’un détournement de deniers privés », assène-t-elle.

Ses pairs ont tous soutenu la disqualification en se référant aux textes et lois. De son côté, le ministère public a répliqué avec la requalification de l’inculpation. Mais finalement, la présidente a maintenu le détournement de deniers publics. Le comptable s’est fait secouer comme un prunier. « Dans ce projet, les signataires du chèque sont le coordonnateur régional du projet, le chef du projet et moi. Notre chef de projet aurait reçu l’appel de notre président national qui réclamai t de l’argent pour acheter un terrain pour la Croix Rouge. Il m’a dit de le faire. Je reconnais que c’est illégal par rapport aux procédures existantes de l’association, mais je ne faisais que suivre les ordres des supérieurs », raconte-t-il.

Les fournisseurs du projet, dont des hôteliers, services traiteurs, fournisseurs de pièces de moto et ceux de matériel bureautique sont les témoins. Aucun d’eux ne s’est pourtant présenté au procès. Selon leur déposition, le comptable et le chef du projet, ainsi que l’assistant logistique ont gonflé le prix des services et fournitures. Ils ont ensuite empoché la différence, comme c’était le cas pour l’atelier chez une communauté des sœurs à Morondava. Le coût total de la formation était de 3 millions d’ariary, mais les prévenus auraient versé 11 millions d’ariary. La sœur responsable aurait seulement pris les 3 millions d’ariary.

Le trio prévenu a souligné que c’est un mensonge et qu’il n’a jamais touché, même un centime. « C’est le président national qui nous a fait subir une pression pour que nous débloquions une certaine somme, la première fois concerne l’achat d’un terrain pour la Croix Rouge e t la seconde, son évacuation sanitaire à l’étranger », révèle le chef du projet.

Le président national, cité plusieurs fois par les accusés, n’est ni inculpé ni plaignant dans ce dossier. La comptable de la Croix Rouge allemande es t sa nièce. « Est-ce pour ce lien familial qu’il vous a envoyée à Morondava avec le responsable technique pour faire pression au chef du projet et ses collègues ? », interroge l’avocate générale.

« Certes, je suis sa nièce, mais j’ai mon supérieur qu’est le directeur administratif et financier, pas lui », répond-elle.

Le chargé d’appui technique a su bien élucider son rôle en tant que technicien dans ce projet. À le croire, il n’a rien à se mêler à tout ce qui était partie financière. Il a réfuté son implication dans les méfaits.
Tout comme ses coaccusés, l’assistant logistique ignore la véritable intention des témoins de les mettre en cause. Cette histoire de détournement a été décelé par les bailleurs de fonds de la Croix Rouge Malagasy qui, après observation, a saisi un cabinet d’auditeurs. Le bureau indépendant anticorruption (Bianco) a ensuite été saisi des investigations.

Le juge et les assesseurs ont mis presque deux heures pour finir la délibération, tenant l’assistance en suspens.

 

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