Présidentielle de 2023 : Un rendez-vous historique des dinosaures politiques !
La prochaine élection présidentielle à Madagascar, prévue pour les 9 novembre et 20 décembre 2023, s'annonce comme un rendez-vous historique pour la Grande Île. En effet, pour la première fois depuis l'indépendance du pays en 1960, tous les partis politiques des anciens présidents de la République pourraient avoir des candidats en lice pour le scrutin.
Le premier arrivé
Tout premier candidat à avoir déposé ses dossiers auprès de la Haute cour constitutionnelle (HCC) à Ambohidahy, Marc Ravalomanana est de nouveau le candidat proposé par Tiako i Madagasikara (TIM). Président de la République de 2002 à 2009, il a été renversé par un coup d'État et a tenté à plusieurs reprises de revenir au pouvoir, sans succès. Il se présente une nouvelle fois à cette élection présidentielle de 2023, avec l’intime conviction que Madagascar peut être sauvé du gouffre de la pauvreté si tout le monde restait solidaire. Figure de l’opposition lors du régime Rajoelina, il est également considéré comme l’un des favoris de ce scrutin.
La digne fille de son père
Annick Zoary Ratsiraka, secrétaire nationale de l’Avant-garde pour la Rénovation de Madagascar (AREMA), est le deuxième candidat à avoir acquitté des formalités administratives obligatoires auprès de la HCC. Annick Ratsiraka est actuellement la secrétaire nationale du parti AREMA. Après la mort de son père, Didier Ratsiraka, qui a été président de la République à deux reprises, de 1975 à 1993 et de 1997 à 2002, c'est sa fille qui a repris le flambeau du parti. Elle se positionne comme l'héritière du projet politique de son père, basé sur le socialisme malgache et le patriotisme. Elle entend également capitaliser sur la popularité de l'ancien chef de l'État.
Le seul espoir du PSD
Après avoir été marginalisé pendant plusieurs décennies, le Parti social-démocrate (PSD) semble aujourd’hui avoir trouvé un candidat sérieux, en la personne de Siteny Thierry Andrianasoloniaiko. Le PSD est le parti du premier président de Madagascar, Philibert Tsiranana, qui a dirigé le pays de 1960 à 1972. Le parti tente de se relancer sur la scène politique avec la candidature de Siteny Andrianasoloniaiko, qui est devenu récemment le secrétaire national du PSD. Il mise sur son expérience et son réseau au sein de la communauté internationale pour séduire les électeurs. Mais même si le député de Tuléar I a été en précampagne depuis déjà quelques mois, il n’a pas encore annoncé officiellement sa candidature.
Le porteur de “nouveau” souffle
Hery Rajaonarimampianina a également annoncé son intention de se lancer dans la course à la magistrature suprême, ce samedi 26 août, lors du congrès du parti Hery Vaovao ho an’i Madagasikara (HVM). Élu à cette haute fonction en 2014, candidat malheureux à la dernière élection de 2018, il se présente au scrutin de cette année en affirmant avoir réalisé des progrès significatifs dans les domaines de la sécurité, de la santé et de l'éducation. Le fondateur de HVM est resté fidèle à son plan « Fisandratana 2030 » (émergence de Madagascar d'ici à 2030), tout en martelant que le pays a besoin de nouveau souffle. Il pourrait déposer sa candidature, très prochainement, auprès de la Haute cour constitutionnelle.
Le grand cachotier
Andry Rajoelina, quant à lui, n’a pas encore annoncé s’il brigue un autre mandat ou non. S’il se porte candidat, le chef de l’Etat actuel devra déposer sa démission, au plus tard le 9 septembre, en vertu de l’article 46 de la Constitution. Les prétendants à la course à la magistrature suprême ont jusqu’au 6 septembre pour déposer leurs dossiers.
Pour le moment, l’actuel président de la République effectue sans cesse des tournées politiques dans les différentes régions de l’île. Ce jour, il surprend la population malgache avec son ancienne maison qui a été transformée en musée à Antsirabe.
Légitimité historique
La présidentielle de 2023 s'annonce comme un scrutin très disputé, qui oppose des candidats issus des différentes familles politiques qui ont marqué l'histoire de Madagascar. Chacun d'entre eux revendique une légitimité historique et un projet d'avenir pour le pays. Le défi pour les électeurs sera de faire un choix éclairé, en tenant compte des bilans, des propositions et des personnalités des candidats. Le défi pour les candidats sera de respecter les règles du jeu démocratique, en évitant les tensions et les violences qui ont souvent émaillé les élections à Madagascar.