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Economie

Vaccination à Madagascar : L’urgence d’un engagement public à la hauteur des besoins

29/04/2025 19:10 © Moov.Mg

À l’occasion de la Semaine mondiale de la vaccination, qui se tient du 24 au 30 avril 2025, un cri d’alarme est lancé à Madagascar comme ailleurs : les maladies évitables par la vaccination réapparaissent dangereusement, dans un contexte de désengagement progressif des bailleurs internationaux. Face à cette menace, la participation de l’État malgache au financement des vaccins apparaît plus que jamais comme une nécessité urgente.

Des maladies qui reviennent

Rougeole, méningite, fièvre jaune… Des maladies que l’on croyait sous contrôle refont surface dans de nombreux pays, y compris à Madagascar. Ainsi, à l’occasion de la Semaine mondiale de la vaccination, des agences des Nations Unies, appellent à des « investissements soutenus dans les efforts d’immunisation dans un contexte de baisse des financements ». L’Organisation mondiale de la santé (OMS) rapporte une forte hausse des cas de rougeole dans le monde : 10,3 millions en 2023, soit 20 % de plus qu’en 2022, avec de nouveaux foyers apparus dans plus de 60 pays l’année suivante.

À Madagascar, malgré la mise en œuvre de plusieurs campagnes de vaccination, le niveau de couverture reste insuffisant pour prévenir les épidémies de rougeole. Le Dr Tsivahiny Paubert, directeur du programme élargi de vaccination (DPEV), a retracé l’évolution de la situation lors d’une rencontre avec la presse, organisée en amont de la campagne de vaccination du 15 au 19 octobre 2024. Selon lui, la Grande Île a réussi à éviter une épidémie majeure jusqu’en 2022, mais les risques se sont accrus avec le temps. Une campagne de vaccination « porte à porte » avait été menée en 2004, suivie de campagnes de suivi jusqu’en 2016. Toutefois, à partir de cette date, le taux de vaccination a progressivement diminué, parallèlement à un affaiblissement de la surveillance. La rougeole a ainsi refait surface en 2018, poussant les autorités à relancer les campagnes en 2019 et à mener un nouveau rattrapage en 2022. En 2024, environ soixante cas ont été confirmés dans le pays. Pour alerter sur la gravité de la situation, le Dr Paubert n’a pas hésité à déclarer : « Il vaut mieux faire face à l’épidémie de Covid-19 que faire face à la rougeole ».

Un système vaccinal affaibli

Ces résurgences interviennent alors que les systèmes de santé, particulièrement dans les pays en développement comme Madagascar, sont soumis à de fortes pressions. La désinformation sur les vaccins, les crises humanitaires et les coupes budgétaires fragilisent les campagnes de vaccination. En Afrique, la méningite inquiète également : plus de 5 500 cas suspects ont été signalés au premier trimestre 2025, causant près de 300 décès, selon l’OMS. Quant à la fièvre jaune, elle connaît aussi une remontée avec 124 cas confirmés dans 12 pays en 2024, malgré les efforts de prévention.


Copyright Image : © UNICEF - Extrait d'un document sur cofinancement de la vaccination à Madagascar

À Madagascar, la vaccination repose largement sur l’appui des partenaires internationaux. L’Alliance GAVI finance 85 % des vaccins utilisés dans le pays. L’État malgache, lui, ne prend en charge que 5 % du cofinancement : 4 % via le ministère de la Santé publique et 1 % par celui de l’Économie et des Finances. En 2025, cela représente une contribution estimée à 17,7 millions d’ariary. Mais cette dépendance aux bailleurs devient préoccupante. Pour garantir la pérennité du programme, les partenaires internationaux encouragent Madagascar à investir davantage. La loi n° 2016-058 du 16 décembre 2016 prévoit la création d’un Fonds national de vaccination, mais celui-ci n’est toujours pas opérationnel. Ce fonds aurait pour objectif d’assurer un financement stable, exonérer les vaccins de taxes et garantir le droit à la vaccination sur l’ensemble du territoire. Plusieurs blocages freinent sa mise en œuvre : la ligne budgétaire dédiée n’est pas clairement définie, le suivi parlementaire est quasi inexistant et les investissements nécessaires ne sont pas financés. La plateforme HINA appelle les autorités à appliquer cette loi de manière concrète.

Atteindre les enfants les plus vulnérables

Le budget de l’État alloué à la santé reste limité. En 2024, il représentait moins de 8 % du budget national. La vaccination ne compte que pour 11,6 % de cette enveloppe. Un effort supplémentaire est jugé nécessaire pour atteindre une vraie souveraineté sanitaire. La session parlementaire prévue entre mai et juin 2025 pourrait marquer un tournant. Les acteurs de la santé espèrent que la Loi de finances rectificative intégrera un renforcement du budget consacré à la vaccination.

L’enjeu est aussi social. Selon l’OMS, en 2023, 14,5 millions d’enfants dans le monde n’ont pas reçu tous leurs vaccins de routine. Plus de la moitié vivaient dans des pays en crise. À Madagascar, l’accès à la vaccination reste difficile dans les zones rurales et enclavées. Il nécessite des moyens logistiques et humains que les financements actuels ne permettent pas toujours de garantir. Pour les spécialistes, l’équation est simple : investir dans la vaccination, c’est prévenir des épidémies coûteuses et sauver des vies. Le renforcement de l’engagement de l’État malgache, notamment à travers le Fonds national de vaccination, est vu comme un levier essentiel pour protéger durablement la population.



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