Lutte contre le travail des enfants : le monde rate sa cible de 2025
Le monde s’était engagé à éliminer le travail des enfants d’ici 2025. Pourtant, 138 millions d’enfants travaillaient encore en 2024, selon un rapport publié par l’Organisation internationale du Travail (OIT) et l’UNICEF. À Madagascar, près d’un enfant sur deux est concerné par ce phénomène.
Depuis l’an 2000, le nombre d’enfants qui travaillent a presque diminué de moitié dans le monde. On est passé de 246 millions à 138 millions. Malgré cette avancée, le monde n’a pas réussi à atteindre l’objectif qu’il s’était fixé : mettre fin au travail des enfants d’ici à 2025. Le nouveau rapport de l’OIT et de l’UNICEF montre que 54 millions de ces enfants exercent des travaux dangereux pour leur santé ou leur sécurité. Ces derniers sont parfois exposés à des produits chimiques, à des machines dangereuses ou à des efforts physiques extrêmes.
Madagascar, concerné par le travail des enfants
L’Afrique subsaharienne concentre la majorité des cas. Environ 87 millions d’enfants y travaillent, soit près des deux tiers du total mondial. Même si le pourcentage d’enfants concernés a légèrement baissé, leur nombre reste élevé à cause de la forte croissance démographique, des conflits, de la pauvreté persistante et du manque de soutien aux familles. Les enfants travaillent surtout dans l’agriculture, qui représente 61 % des cas, mais aussi dans les services comme le petit commerce ou les tâches ménagères (27 %), ainsi que dans l’industrie, notamment les mines et la fabrication (13 %).
À Madagascar, le travail des enfants est très répandu. Selon l’enquête MICS 2018, 47 % des enfants âgés de 5 à 17 ans travaillent. Le phénomène touche davantage les garçons que les filles, et il est plus courant en milieu rural qu’en ville. Les enfants issus de familles pauvres sont les plus exposés. Certains travaillent même dans des conditions très dangereuses, notamment dans les mines, un secteur particulièrement risqué pour leur santé et leur avenir. Environ 4 % des enfants du pays sont concernés par ce type de travail.
Manque d’accès à l’éducation
Lorsqu’un enfant travaille, il lui est souvent difficile d’aller à l’école régulièrement. Cela limite ses chances de réussir plus tard dans la vie. Le travail des enfants empêche aussi leur développement physique et mental, et viole leurs droits fondamentaux. Les causes principales de ce phénomène sont la pauvreté, le manque d’accès à une éducation de qualité et l’absence de soutien aux familles. À cela s’ajoutent les inégalités entre filles et garçons. Si les garçons sont généralement plus nombreux à travailler, les filles effectuent souvent de longues tâches ménagères non rémunérées, ce qui n’est pas toujours comptabilisé.

Pour tenter de faire reculer le travail des enfants, l’OIT et l’UNICEF ont décidé de renforcer leur collaboration avec les autorités malgaches. En avril 2025, ils ont apporté leur soutien à l’élaboration du deuxième Plan National d’Action de Lutte contre le Travail des Enfants, qui couvrira la période 2025-2040. L’objectif est d’agir à tous les niveaux : éducation, protection sociale, création d’emplois pour les adultes, application des lois et responsabilisation des entreprises.
Possibilité d’éliminer le travail des enfants
L’OIT et l’UNICEF estiment qu’il est encore possible d’éliminer le travail des enfants, mais cela nécessitera de redoubler d’efforts. Les deux organisations appellent les gouvernements à investir davantage dans l’éducation gratuite, la protection sociale et le soutien aux familles. Elles alertent aussi sur les dangers des coupes budgétaires, qui pourraient annuler les progrès accomplis. Sans moyens suffisants, des familles déjà en difficulté risquent d’envoyer leurs enfants travailler pour survivre.
Les enfants ont le droit d’apprendre, de jouer et de grandir en sécurité. Le travail des enfants les prive de leur enfance et les enferme dans un cycle de pauvreté. Selon les experts, pour espérer atteindre l’objectif mondial dans les cinq prochaines années, il faudrait avancer onze fois plus vite qu’aujourd’hui. L’enjeu est immense, mais il n’est pas hors de portée si les États, les institutions et les entreprises unissent leurs efforts pour protéger les plus jeunes.