Enfants africains : Une protection qui ne pèse que 0,2 % dans les budgets nationaux
Lors de la Journée de l’Enfant Africain, célébrée tous les 16 juin, l’UNICEF et des personnalités du continent ont lancé un appel pressant aux chefs d’État africains. Ils dénoncent le très faible budget accordé à la protection des enfants. À Madagascar, quatre figures engagées ont soutenu cet appel, réclamant des actions concrètes.
Un budget dérisoire pour protéger les enfants
Les enfants africains sont les grandes victimes d’un manque cruel d’investissements publics. C’est le message fort d’une lettre ouverte adressée aux dirigeants du continent, à l’occasion de la Journée de l’Enfant Africain. Selon les signataires, les gouvernements n’accordent en moyenne que 0,2 % de leur budget à la protection de l’enfance, notamment contre la violence. Un pourcentage jugé très insuffisant face aux enjeux humains, économiques et sociaux que représente cette catégorie de la population. La lettre rappelle qu’investir dans les premières années de la vie d’un enfant est l’une des stratégies les plus efficaces pour favoriser la croissance économique, améliorer la santé publique, renforcer les systèmes éducatifs et bâtir des sociétés plus stables. Pourtant, les dépenses publiques sont souvent orientées vers les enfants plus âgés, alors que les besoins fondamentaux apparaissent dès la petite enfance.
À Madagascar, quatre figures de la société civile et du secteur privé ont soutenu cette initiative. Parmi elles, le chanteur Mirado Ravohitrarivo, également Ambassadeur national de l’UNICEF, et le chef d’entreprise Hassanein Hiridjee, CEO du Groupe Axian. Ils sont rejoints par Harijaona Andriamoraniaina, responsable de l’association MIS-Tatao et coordinateur du mouvement ROHY, ainsi que par Hony Joelle Randrianarison, secrétaire générale du Collectif des Citoyens et des Organisations Citoyennes. Ces signataires affirment que la question ne relève pas seulement de la morale, mais aussi de la stratégie économique. Pour eux, investir dans les enfants revient à préparer une main-d'œuvre solide, instruite et en bonne santé, capable de répondre aux défis futurs.
Une situation préoccupante à Madagascar
La situation malagasy est loin d’être rassurante. En 2025, seuls 24,2 % du budget de l’État sont destinés aux secteurs essentiels pour les enfants : éducation, santé, nutrition, eau, hygiène, assainissement et protection sociale. Ce taux reste inférieur aux normes internationales, qui recommandent à elles seules un minimum de 20 % pour l’éducation et de 15 % pour la santé. La protection de l’enfance, quant à elle, continue d’être reléguée au second plan, malgré les multiples alertes. La lettre souligne que l’Afrique consacre en moyenne 16 fois plus d’argent à un adolescent de 15 ans qu’à un enfant d’un an. Ce déséquilibre est jugé contre-productif, d’autant plus que les quatre cinquièmes des enfants africains ne savent pas lire un texte simple à l’école primaire.

Les signataires rappellent que l’Afrique abritera d’ici 2055 près d’un milliard d’enfants. Si cette population jeune représente une chance unique pour le développement du continent, elle peut aussi devenir un fardeau en l’absence de politiques publiques ambitieuses. Les experts estiment qu’en investissant maintenant dans le capital humain, l’Afrique pourrait enregistrer une croissance de 11 à 15 % au cours des cinq prochaines années.
Budgétiser les droits de l’enfant
L’UNICEF recommande d’augmenter progressivement les budgets consacrés à la protection sociale, jusqu’à atteindre au moins 1 % des budgets nationaux. Cette stratégie permettrait d’offrir une protection minimale à chaque enfant, alors qu’aujourd’hui, seul un enfant sur sept bénéficie d’un filet social.
Dans un contexte marqué par les crises économiques et la baisse de l’aide internationale, les signataires invitent les gouvernements à revoir leurs priorités. Selon eux, il est urgent de considérer les dépenses en faveur des enfants non comme un luxe ou un supplément budgétaire, mais comme un véritable investissement stratégique. La lettre se veut aussi un message d’espoir. Elle affirme que les progrès sont possibles, comme le montrent la baisse de la mortalité infantile, l’amélioration de l’accès à l’eau potable ou encore l’augmentation de l’enregistrement des naissances. Mais pour accélérer le rythme et atteindre les objectifs de développement d’ici 2030, les enfants doivent être au cœur des politiques publiques. Pour les auteurs de cet appel, budgétiser les droits de l’enfant serait le plus beau cadeau d’anniversaire qu’un pays puisse offrir à sa jeunesse.