Épave au large de Sainte-Marie : la science demande encore des preuves
La découverte de l’épave présumée du Nossa Senhora do Cabo au large de l’île de Sainte-Marie continue de faire rêver… mais aussi de susciter des interrogations parmi les experts. Si l’annonce d’un trésor de pirates estimé à 138 millions de dollars a fait le tour du monde, plusieurs archéologues indépendants appellent aujourd’hui à la prudence.
Découverte présumée du Nossa Senhora do Cabo
Hier 7 juillet 2025, nous relayions les conclusions d’une équipe américaine dirigée par Brandon Clifford et Mark Agostini, qui affirme avoir identifié l’épave d’un navire portugais du XVIIIᵉ siècle dans les eaux de Sainte-Marie. Selon leurs travaux, il s’agirait du légendaire Nossa Senhora do Cabo, capturé en 1721 par le célèbre pirate Olivier Levasseur, dit « La Buse ». Cependant, plusieurs spécialistes de l’archéologie sous-marine contestent cette annonce ou, du moins, estiment qu’il est encore prématuré de tirer des conclusions définitives.
En effet, certains scientifiques pointent le manque de rigueur scientifique dans l’identification du site. Les explorations menées sont trop limitées pour permettre une confirmation fiable, estime un archéologue, qui a déjà participé à des fouilles sur l’île de Sainte-Marie. Les objets mis au jour par l’équipe américaine (porcelaines, pièces de monnaie, artefacts religieux) sont, certes intéressants, mais ne constituent pas, à ce stade, une preuve irréfutable de l’identité de l’épave.
Aucune validation scientifique officielle
Autre élément soulevé par les experts : les travaux de l’équipe américaine n’ont pas encore été publiés dans une revue scientifique indépendante avec comité de lecture, ni validés par les autorités malgaches compétentes en matière de patrimoine subaquatique.
L’île de Sainte-Marie, ou Nosy Boraha, est réputée pour être un ancien repaire de pirates et regorge effectivement d’épaves datant des XVIᵉ au XVIIIᵉ siècles. La possibilité qu’un navire aussi emblématique que le Nossa Senhora do Cabo repose au large de ses côtes reste plausible, mais son identification formelle nécessitera encore du temps, des recherches approfondies et des analyses croisées des archives et des artefacts. En attendant, cette affaire rappelle combien l’histoire maritime de Madagascar fascine.