Rapport 2025 sur l'état de la population mondiale : à Madagascar, la fécondité est subie plus que choisie
Selon le rapport 2025 de l’UNFPA, la liberté de décision en matière de procréation reste limitée pour de nombreuses femmes et filles à Madagascar. Entre pauvreté, traditions, inégalités et accès limité aux services de santé, les obstacles sont nombreux. Ce rapport met en lumière une réalité souvent négligée : celle d’un manque de choix, plus que d’un problème de natalité.
Manque de liberté en matière de procréation
Le nouveau rapport de l’UNFPA, intitulé « La véritable crise de la fécondité : la quête du libre arbitre en matière de procréation dans un monde en mutation », s’attaque à une idée largement répandue : celle d’un monde menacé par une baisse excessive de la natalité. Pour le Fonds des Nations Unies pour la population, la véritable crise ne réside pas dans le nombre d’enfants que les gens ont, mais dans le fait qu’ils n’ont souvent pas la possibilité d’avoir ceux qu’ils souhaitent. Une personne sur cinq dans le monde déclare ne pas pouvoir avoir autant d’enfants qu’elle le voudrait. Et cela n’a rien à voir avec un changement de mentalité, mais plutôt avec des conditions de vie difficiles.
Le rapport s’appuie sur des recherches universitaires et une enquête menée avec YouGov dans 14 pays représentant plus d’un tiers de la population mondiale. Il met en évidence un ensemble d’obstacles : coût élevé de la vie, instabilité professionnelle, logements précaires, manque de partenaire ou encore incertitude face à l’avenir. À cela s’ajoutent des inégalités persistantes entre les sexes, qui rendent encore plus difficile la prise de décision pour les femmes. Le résultat est un manque de liberté en matière de procréation, une situation qui touche particulièrement les pays en développement.
Absence d’éducation sexuelle
Le 8 juillet 2025, le bureau de l’UNFPA à Madagascar a remis officiellement le rapport aux autorités. L’objectif est de susciter la réflexion, nourrir les politiques publiques et rappeler que chaque individu devrait pouvoir choisir librement s’il veut avoir des enfants, combien, et à quel moment de sa vie. Ce droit fondamental est encore loin d’être garanti dans de nombreux contextes. À Madagascar, les chiffres soulignent des défis persistants en matière de santé sexuelle et reproductive. En 2025, près d’une femme sur cinq souhaitant éviter une grossesse n’a pas accès à des méthodes contraceptives. Seules 48 % des femmes utilisent des contraceptifs modernes, ce qui reste faible malgré quelques progrès. Le pays enregistre également un taux particulièrement élevé de grossesses précoces : 112 naissances pour 1 000 filles âgées de 15 à 19 ans. Cela reflète notamment la persistance des mariages d’enfants et l’absence d’éducation sexuelle adaptée.
Violences physiques ou sexuelles
Côté services de santé, 83 % des femmes enceintes bénéficient d’au moins quatre consultations prénatales, mais seulement 53 % accouchent avec l’aide de personnel qualifié. Cela reste insuffisant pour assurer une prise en charge sûre et efficace. Le rapport met aussi en lumière des disparités importantes entre hommes et femmes. Entre 2004 et 2024, 32 % des filles ont été mariées avant l’âge de 18 ans, ce qui limite fortement leur autonomie, leur accès à l’éducation et leur développement personnel. En 2018, 27 % des femmes déclaraient avoir subi des violences physiques ou sexuelles de la part de leur partenaire.
Malgré ces constats alarmants, certains indicateurs montrent des avancées. Environ 87 % des femmes mariées participent aux décisions au sein du foyer, un signe positif d’émancipation dans la vie quotidienne. De plus, la parité scolaire est presque atteinte, tant au niveau primaire que secondaire.