Meilleur film international : Une première candidature malgache aux Oscars

Une industrie en devenir

Derrière cette annonce symbolique, c’est toute une dynamique en cours qui se confirme : celle d’un cinéma local qui cherche à s’organiser, à se professionnaliser et à trouver une place à l’étranger. Cette possibilité s’ouvre grâce à une initiative portée par l’ISSM (Ivon-toeran'ny sarimihetsika sy sarimiaina malagasy), structure rattachée au ministère de la Communication et de la Culture. Un comité a été mis en place pour sélectionner le film qui représentera le pays. Un appel à candidatures est lancé : les réalisateurs ont jusqu’au 15 août 2025 pour soumettre leur œuvre.

Mais l’enjeu ne se limite pas à décrocher une statuette : il s’agit avant tout de renforcer une filière encore fragile. En créant un cadre de sélection avec des critères clairs, c’est toute une industrie naissante qui est encouragée à se professionnaliser. Cela pousse les productions locales à viser un niveau de qualité compatible avec les standards internationaux, aussi bien sur le plan artistique que technique.

Une opportunité structurante

Pour qu’un film soit retenu, plusieurs conditions doivent être réunies : il doit être produit ou coproduit localement, faire appel à des professionnels malgaches et être majoritairement en langue malgache ou dans un dialecte local. Il doit également avoir été projeté publiquement dans une salle commerciale à Madagascar pendant au moins une semaine, entre octobre 2024 et septembre 2025. Ces exigences, bien que strictes, ont un objectif clair : s’assurer que le film sélectionné reflète une réalité culturelle malgache tout en restant exportable. La sélection finale sera assurée par une commission indépendante composée de professionnels du secteur. Le choix se basera sur des critères artistiques et techniques, mais aussi sur la capacité du film à toucher un public international.

Une fois désigné, le film devra être soumis officiellement à l’Academy of Motion Picture Arts and Sciences (AMPAS) avant le 1er octobre. S’il est retenu dans la shortlist, voire parmi les cinq nominés, ce sera une vitrine inédite pour le pays. Mais même sans trophée, ce processus ouvre un chemin : celui d’un cinéma qui, progressivement, s’organise pour se faire entendre au-delà de ses frontières.