Forum de la société civile : l’UNICEF exhorte la SADC à mettre les enfants au cœur de la Vision 2050
Au Forum de la Société Civile d’Afrique australe (CSF2025), qui se tient depuis le 18 août à Antananarivo, l’UNICEF a alerté sur la faiblesse des investissements des États membres de la SADC dans l’éducation, la santé et la protection sociale. L’organisation appelle les gouvernements à placer les enfants et les jeunes au cœur de la Vision 2050 de la région.
Des insuffisances budgétaires
Dans son plaidoyer, l’UNICEF a rappelé que très peu de pays membres de la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC) respectent les standards internationaux en matière de dépenses sociales, qui recommandent 20 % du budget national pour l’éducation et 15 % pour la santé. La plupart des États consacrent moins de 1,5 % de leur produit intérieur brut (PIB) à la protection sociale, un taux largement inférieur à la moyenne européenne de 26 %. Cette situation accentue la vulnérabilité des populations et compromet la réalisation des objectifs de la Vision 2050 de la SADC.
Madagascar figure parmi les pays les plus exposés à ces insuffisances budgétaires. Le taux de mortalité maternelle y atteint 445 décès pour 100 000 naissances vivantes, l’un des plus élevés de la région. Près de la moitié des enfants malgaches souffrent encore de malnutrition, ce qui limite leurs perspectives de développement et fragilise l’avenir du pays. Dans le domaine de l’éducation, la situation reste préoccupante : une partie importante des élèves ne termine pas le cycle primaire, et seuls 36 % des enfants dans les pays à faible revenu de la SADC, dont Madagascar, parviennent à achever le premier cycle du secondaire. Ces chiffres traduisent le retard structurel du pays, aggravé par les cyclones récurrents qui perturbent l’accès aux écoles et aux services de santé.
Une région fragile
Le Forum de la Société Civile d’Afrique australe (CSF2025), organisé dans la capitale malgache du 18 au 22 août, s’articule autour du thème « la SADC que nous voulons ». Soutenu par l’UNICEF, il réunit gouvernements, organisations de la société civile et partenaires techniques. Lors de son intervention, Gilles Chevalier, Représentant par intérim de l’UNICEF Madagascar, a déclaré : « La SADC ne peut être considérée comme un bloc régional catalyseur de changement que si les efforts sociaux, économiques et de gouvernance sont effectivement alignés aux intérêts des enfants et des jeunes ».
Au-delà du cas malgache, l’UNICEF a dressé un constat préoccupant pour l’ensemble de la région. Plus de 40 % de la population vit sous le seuil de pauvreté monétaire, et les inégalités restent parmi les plus marquées au monde, avec 10 % des plus riches concentrant plus de la moitié des revenus. Le chômage des jeunes dépasse 30 % dans plusieurs pays membres, tandis que les catastrophes climatiques, comme les sécheresses en Namibie, les inondations au Malawi, les cyclones à Madagascar et au Mozambique… fragilisent davantage les acquis sociaux.
Des avancées à consolider
Pour l’UNICEF, la réalisation de la Vision 2050 ne pourra se faire sans une participation active de la société civile. « La SADC doit représenter les intérêts des peuples et de ceux qui les constituent. Elle ne peut le faire que si elle leur donne voix au chapitre », a insisté Gilles Chevalier. Les organisations locales, associations et syndicats sont appelés à contribuer à la définition des priorités régionales et à renforcer la redevabilité des gouvernements.
Malgré ce constat sévère, certaines avancées sont saluées. La transformation du Forum parlementaire en parlement régional, la stratégie de lutte contre les violences basées sur le genre ou encore la création d’un mécanisme d’engagement entre la SADC et les acteurs non étatiques témoignent d’une volonté de renforcer l’inclusivité et la gouvernance participative. L’UNICEF rappelle toutefois que sans engagements financiers plus ambitieux, les objectifs de développement resteront hors d’atteinte. À Madagascar comme dans l’ensemble de la SADC, l’avenir des enfants dépend d’une hausse significative des budgets consacrés à l’éducation, à la santé et à la protection sociale. L’organisation appelle les gouvernements à sanctuariser ces investissements et à travailler de concert avec la société civile afin de bâtir une région plus équitable et résiliente.