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Gestion de l’eau à Madagascar : un secteur fragilisé par les inégalités et la dépendance aux bailleurs

09/09/2025 15:35 © Moov.Mg

L’Afrique de l’Est et les îles de l’océan Indien connaissent de fortes disparités en matière d’accès à l’eau. Selon le dernier bulletin de la Lettre économique de l’Afrique de l’Est et de l’océan Indien (AEOI), publié en juillet-août par le service économique de la Direction générale du Trésor français, Madagascar illustre les contradictions régionales : une abondance pluviométrique mais des infrastructures insuffisantes.

Une abondance hydrique mal valorisée

Madagascar, comme les autres îles de l’océan Indien, bénéficie de précipitations importantes qui devraient constituer un atout pour la sécurité hydrique. Pourtant, l’accès à l’eau reste marqué par de fortes inégalités. Si Antananarivo concentre l’essentiel des infrastructures, de nombreuses zones rurales sont encore privées d’un approvisionnement fiable. Cette situation reflète un paradoxe régional où l’abondance en ressources ne garantit pas leur exploitation effective.

La Lettre économique de l’AEOI souligne que le secteur malgache de l’eau souffre de réseaux vétustes et d’un taux élevé de pertes. Les coupures sont fréquentes et l’assainissement reste insuffisant, notamment dans les zones rurales. Le changement climatique accentue ces difficultés, avec une succession de sécheresses et d’inondations qui endommagent les infrastructures et réduisent la disponibilité des ressources.

Une gouvernance centralisée et limitée

Contrairement à certains pays d’Afrique de l’Est qui ont misé sur une gestion décentralisée, Madagascar repose sur un modèle centralisé confié à la Jirama. Si cette organisation permet une gestion nationale, elle limite les marges d’adaptation locale et la diversification des financements. Le cadre juridique a été modernisé, mais la mise en œuvre reste freinée par des capacités techniques et administratives insuffisantes. Par ailleurs, le financement du secteur repose largement sur les bailleurs internationaux. La Banque mondiale pilote notamment le Programme d’Appui à l’Accès à l’Eau Potable (PAAEP) doté de 220 millions de dollars. L’Agence française de développement, la Banque africaine de développement et l’Union européenne participent également à des projets de modernisation. Toutefois, les investissements restent insuffisants face aux besoins massifs du pays.

Le bulletin rappelle que la sécurité hydrique régionale dépendra de la modernisation des réseaux, de la réduction des pertes et d’une gouvernance renforcée. Pour Madagascar, cela suppose de développer des solutions innovantes telles que le dessalement, la digitalisation des services et les partenariats public-privé. Face à la croissance démographique et aux effets du changement climatique, le pays se trouve à un tournant décisif pour garantir un accès équitable et durable à l’eau.

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