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Période de soudure : 1,5 million de Malgaches menacés par l’insécurité alimentaire d’ici janvier

11/09/2025 14:31 © Moov.Mg

Entre octobre 2025 et janvier 2026, Madagascar devrait traverser une période de soudure particulièrement difficile. Selon l’Analyse IPC publiée le 9 septembre dernier, plus de 1,5 million de personnes risquent de basculer dans une insécurité alimentaire aiguë, dont 84 000 en situation d’urgence. Cette période critique coïncidera avec la saison des pluies, aggravant les risques de malnutrition et de maladies hydriques.

Une période traditionnellement critique

La période de soudure, qui s’étend d’octobre à janvier, correspond à la fin des stocks alimentaires avant les nouvelles récoltes. Elle est traditionnellement marquée par une forte vulnérabilité des ménages ruraux. Elle survient également avec la rentrée scolaire, une inflation persistante et le début de la saison pluvieuse et cyclonique.

Les prévisions météorologiques annoncent des pluies tardives et mal réparties dans le Sud et le Sud-Ouest de la Grande Île, menaçant les semis. À l’inverse, de fortes précipitations sont attendues sur la côte Est et le Sud-Est, avec des risques d’inondations et d’éboulements au mois de janvier 2026. Ces conditions climatiques s’ajoutent à la persistance de ravageurs agricoles, comme les criquets, qui compromettent les récoltes.

Des disparités régionales marquées

Les régions du Sud restent les plus exposées. À Ambovombe, environ 35 % de la population devrait être classée en Phase 3 de l’IPC (crise), dont 5 % en urgence. À Beloha et Tsihombe, près de 10 000 personnes par district pourraient basculer dans la phase d’urgence, faute de stocks et face à l’augmentation des prix du manioc et du maïs. Dans d’autres districts comme Antanimora Sud, Bekily ou Ampanihy Ouest, une large partie de la population risque également de subir des restrictions alimentaires. La baisse des revenus, conjuguée à la hausse des prix, pousse certaines familles à réduire le nombre de repas ou à vendre leurs biens productifs pour survivre.

La situation reste contrastée dans les autres régions. Dans le Grand Sud-Est, les ménages seraient pour la plupart en Phase 2 (stress). Le maintien de petites récoltes de riz, manioc et maïs, ainsi que des revenus issus de cultures de rente comme la vanille et le girofle, permettent d’atténuer une aggravation plus sévère. Cependant, la dépendance aux marchés et la recrudescence des maladies hydriques fragilisent toujours la population. Sur la côte Est, des districts comme Mahanoro et Vatomandry font face à l’épuisement des stocks et à une hausse des prix, aggravés par le risque d’inondations. D’autres zones, comme Vavatenina, Fénérive-Est et Maroantsetra, bénéficient en revanche de récoltes diversifiées et de revenus agricoles réguliers, assurant une meilleure sécurité alimentaire.

Une menace sanitaire en plus de la faim

Par ailleurs, la saison des pluies attendue à partir de novembre pourrait accentuer la propagation des maladies hydriques, notamment le paludisme et les diarrhées. Ces pathologies fragilisent la santé des populations, en particulier des enfants, et aggravent le risque de malnutrition. Les experts soulignent que cette combinaison de facteurs climatiques, économiques et sanitaires accentuera la dégradation de la sécurité alimentaire dans plusieurs régions, avec une situation particulièrement critique dans le Sud.

Pour limiter l’impact de cette période de soudure, les autorités et leurs partenaires sont appelés à renforcer les actions de prévention. Cela passe par un appui aux campagnes agricoles, une surveillance sanitaire renforcée, mais aussi par une aide alimentaire ciblée aux populations les plus vulnérables.

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