Offensive sur Gaza-ville: Israël ouvre un nouvel axe pour accélérer la fuite des habitants
L'armée israélienne a annoncé mercredi l'ouverture, temporaire, d'un nouvel axe pour accélérer la fuite des habitants de Gaza-ville vers le sud, au lendemain du lancement d'une offensive majeure destinée à anéantir le Hamas dans cette zone.
"Pour faciliter le déplacement vers le sud, une voie de passage temporaire est ouverte via la rue Salaheddine", a annoncé l'armée dans un message de son porte-parole arabophone, le colonel Avichay Adraee, sur les réseaux sociaux.
L'armée israélienne, qui multiplie les appels à évacuer Gaza-ville, avait jusque-là conseillé aux habitants de fuir par la route côtière vers ce qu'elle a défini elle-même comme une zone humanitaire plus au sud, englobant notamment une partie de la région d'Al-Mawasi.
La route Salaheddine coupe la bande de Gaza en son milieu du nord au sud parallèlement à la côte méditerranéenne. L'itinéraire d'évacuation "sera ouvert pendant 48 heures seulement", à partir de mercredi midi (09h00 GMT), a prévenu le colonel Adraee.
"Nous ne supportons plus ce qui nous arrive", a déclaré Fatima Lubbad, 36 ans, jointe au téléphone par l'AFP: "C'est comme vivre le Jugement dernier ou en enfer, mais même l'enfer serait plus clément car il n'y a pas d'enfants là-bas".
Mère de quatre enfants, elle explique avoir fui Gaza-ville la veille et dû dormir "dans la rue au bord de la mer à Deir al-Balah", à plus d'une dizaine de kilomètres au sud, distance qu'elle dit avoir couverte essentiellement à pied.
"Humiliation, détresse"
"J'ai pleuré toute la nuit en regardant mes enfants dormir par terre", ajoute-t-elle, évoquant "une humiliation et une détresse indescriptibles".
Oum Ahmed Younès déclare elle qu'elle ne quittera pas pas Gaza malgré les bombardements. "Nous sommes désespérés", explique cette femme de 44 ans, évoquant l'impossibilité de trouver l'argent pour payer des frais de transports faramineux.
De plus, "il n'y a pas de tentes (ou alors) les prix sont exorbitants", dit-elle, "cela coûte moins cher de mourir".
L'ONU estimait fin août à environ un million d'habitants le nombre de Palestiniens dans Gaza-ville et ses environs.
Depuis plusieurs jours, des journalistes de l'AFP observent un nouvel exode de Gaza-ville vers le sud, mais l'armée israélienne a estimé encore mercredi matin que seules "plus de 350.000" personnes ont fui vers le sud.
L'armée israélienne a annoncé mardi avoir lancé une offensive terrestre majeure à Gaza-ville visant à expugner le Hamas d'un de ses derniers grands bastions dans la bande de Gaza, dévastée par la guerre déclenchée le 7 octobre 2023 par l'attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien en Israël.
Mercredi, elle a indiqué avoir "frappé plus de 150 cibles terroristes à travers la ville de Gaza en soutien aux troupes manoeuvrant dans la zone" depuis le début de l'opération.
De son côté, la Défense civile de Gaza, organisme de premiers secours opérant sous l'autorité du Hamas, a annoncé la mort de 12 personnes mercredi dans des frappes ou tirs israéliens sur l'ensemble du territoire.
Compte tenu des restrictions imposées aux médias à Gaza et des difficultés d'accès sur le terrain, l'AFP n'est pas en mesure de vérifier de manière indépendante les bilans et affirmations de la Défense civile ou de l'armée israélienne.
L'offensive sur Gaza-ville, annoncée depuis la mi-août et pour laquelle l'armée israélienne a rappelé des dizaines de milliers de réservistes, est largement condamnée à l'étranger, mais aussi en Israël, où une grande part de la population s'inquiète du sort des otages.
"Ecouter la communauté internationale"
Condamnant "tous les agissements portant atteinte aux civils", Pékin a appelé mercredi Israël à "écouter les appels forts de la communauté internationale" et à "cesser immédiatement ses opérations militaires à Gaza".
Le pape Léon XIV a exprimé sa "profonde solidarité avec le peuple palestinien à Gaza (...) contraint une fois de plus par la force de quitter ses terres".
Israël a annoncé l'extension de ses opérations militaires à Gaza-ville juste après le départ du secrétaire d'Etat américain Marco Rubio, qui a promis lors d'une visite à Jérusalem le "soutien indéfectible" de Washington à son allié israélien pour éliminer le Hamas.
L'attaque du 7 octobre 2023 a entraîné la mort de 1.219 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles. Sur les 251 personnes enlevées ce jour-là, 47 sont encore retenues à Gaza, dont 25 ont été déclarées mortes par l'armée israélienne.
Depuis lors, plus de 54.864 Palestiniens ont été tués dans la bande de Gaza par la campagne militaire israélienne de représailles, selon le ministère de la Santé de Gaza placé sous l'autorité du Hamas. Le ministère, dont les chiffres sont jugés fiables par l'ONU, ne précise pas le nombre de combattants tués mais indique que plus de la moitié des morts sont des femmes ou des mineurs.