Liberté de la presse : Plainte collective des journalistes malgaches face aux violences policières
À la suite des agressions de journalistes lors des manifestations de septembre, une plainte a été déposée auprès du Tribunal de Première Instance à Anosy contre deux unités des forces de l’ordre. Reporters sans frontières (RSF) et l’Ordre des Journalistes de Madagascar alertent sur la nécessité urgente de protéger la liberté de la presse.
Une plainte déposée par les journalistes
L’Ordre des Journalistes de Madagascar, soutenu par treize associations professionnelles, a saisi la justice après les violences commises contre des journalistes entre le 25 et le 30 septembre 2025. La plainte vise le Groupement de sécurité et d’intervention spéciale (G-SIS) et le Forces d’intervention de la gendarmerie nationale (FIGN), accusés d’avoir agressé ou entravé des reporters lors des manifestations. Parmi les signataires figurent plusieurs organisations regroupant des professionnels de différents secteurs médiatiques.
Dans cette action, les journalistes ont bénéficié de l’appui du « Pool d’avocats bénévoles Gen-Z », un collectif de quinze avocats répartis sur plusieurs régions, qui leur apportent une assistance juridique gratuite. Mais au-delà de la procédure judiciaire, la profession entend obtenir des garanties. Les plaignants exigent l’ouverture d’une enquête transparente et des sanctions contre les auteurs des violences. Ils réclament également des excuses publiques de la part du G-SIS et du FIGN, ainsi qu’une lettre d’engagement des forces de l’ordre pour assurer la sécurité des journalistes dans l’exercice de leur métier et le respect de la liberté de la presse.
Journalistes blessés lors des mobilisations
Ces démarches interviennent après une série d’agressions survenues lors des manifestations contre les coupures d’eau et d’électricité. Au moins quatre journalistes ont été blessés, dont deux de manière délibérée par les forces de l’ordre, selon RSF. À Antsiranana, la journaliste Hardi Juvaniah Tery a été touchée par une balle réelle le 26 septembre 2025, alors qu’elle portait un gilet de presse. Elle est toujours hospitalisée. À Antananarivo, deux journalistes ont été agressés par des membres du G-SIS, l’un frappé à la tête, l’autre empêché de poursuivre une retransmission en direct. Le 30 septembre 2025, le second a de nouveau été ciblé et, avec ses confrères, a été visé par une grenade lacrymogène. D’autres reporters ont également été atteints par des projectiles ou exposés à des gaz lacrymogènes en province.
Reporters sans frontières a condamné ces violences et exhorté les autorités malgaches à agir rapidement. “Dans ce contexte de révolte sociale de la jeunesse malgache face aux conditions de vie dégradées réprimée violemment et mortellement par les forces de l’ordre, les journalistes doivent être en mesure d’informer le pays et le monde de ce qui se passe sans craindre pour leur sécurité. Or ils sont pris à partie et entravés”, a déclaré Sadibou Marong, directeur du bureau Afrique subsaharienne de RSF. L’organisation internationale insiste sur la nécessité de protéger les journalistes lors des mobilisations et de sanctionner les responsables. Pour sa part, l’OJM affirme qu’il s’agit d’un combat collectif et appellent tous les journalistes de Madagascar à poursuivre leur mission avec professionnalisme, malgré les pressions et violences.