Méga-projets et IA au menu du "Davos du désert" en Arabie saoudite
Un important forum d'investisseurs s'est ouvert mardi en Arabie saoudite réunissant chefs d'Etat et hommes d'affaires, alors que la monarchie pétrolière cherche à promouvoir ses méga-projets et ses ambitions dans l'intelligence artificielle.
Une vingtaine de dirigeants sont attendus à Ryad sur trois jours pour la neuvième édition de la Future Investment Initiative (FII), dont le président syrien par intérim Ahmad al-Chareh et le vice-président chinois Han Zheng, accompagné de plusieurs ministres et de plus de 150 représentants du secteur privé.
M. Al-Chareh, qui s'est entretenu mardi avec le ministre saoudien des Affaires étrangères Fayçal ben Farhane, doit rencontrer le prince héritier et dirigeant de facto du pays Mohammed ben Salmane, et s'exprimer dans le cadre du forum, selon l'agence de presse syrienne Sana.
Donald Trump Jr, fils du président américain, et les patrons de Goldman Sachs, de JP Morgan, de Black Rock et d'HSBC figurent également sur la liste des invités.
Lancé en 2017, ce forum surnommé le "Davos du désert" sert de vitrine à l'ambitieux programme de réformes Vision 2030 visant à réduire la dépendance du premier exportateur mondial de pétrole aux combustibles fossiles.
Neuf ans après le lancement de ce programme, "les résultats sont là", s'est félicité le patron du richissime Fonds d'investissement public saoudien (PIF), Yasir Al-Rumayyan, à l'ouverture du forum, en faisant état d'une hausse des investissements étrangers dans le royaume de 24% l'année dernière, à 31,7 milliards de dollars.
"Nous avons fait découvrir l'Arabie saoudite au monde, et maintenant le monde vient en Arabie saoudite", s'est-il prévalu.
Derrière le faste, certains projets phares de la Vision 2030 notamment Neom, une mégapole futuriste de 500 milliards de dollars en construction dans le nord-ouest du pays, suscitent toutefois des doutes quant à leur faisabilité dans les délais annoncés, dans un contexte marqué par la baisse des prix du pétrole.
Avec l'organisation de grands évènements comme l'Expo 2030 et la Coupe du monde 2034, les dépenses s'accumulent pour le royaume, qui prévoit un déficit budgétaire deux fois plus important qu'attendu cette année.
"Il est clair qu'un recalibrage des priorités budgétaires est en cours. Les investisseurs chercheront à savoir où l'argent sera dirigé désormais", analyse Robert Mogielnicki, du Arab Gulf States Institute à Washington, pour qui "le forum reste une occasion majeure de mobiliser des investissements étrangers pour financer une transformation économique coûteuse et parfois difficile".
"Discipline budgétaire"
Aramco, premier exportateur de pétrole au monde et pilier de l'économie saoudienne, a vu ses bénéfices baisser sur dix trimestres consécutifs depuis ses résultats record de 2022.
Toutefois, pour Karen Young, spécialiste en politique économique du Golfe au Middle East Institute, les ajustements opérés sur certains méga-projets "ne constituent pas un signal négatif".
"Au contraire, ils traduisent une forme de discipline budgétaire et laissent entrevoir des opportunités dans d'autres secteurs, du tourisme au logement, en passant par les infrastructures et la monétisation d'actifs d'Aramco", qui reste l'une des entreprises les plus rentables au monde, estime-t-elle.
Le forum devrait être aussi l'occasion pour le royaume d'afficher ses ambitions dans le domaine de l'intelligence artificielle, les organisateurs annonçant d'importants accords à venir entre Humain, la société d'IA détenue par le Fonds d'investissement public saoudien, et plusieurs entreprises internationales.
Les géants américains de la tech, Google, Intel, Snapchat et Nvidia, seront présents au forum alors que la monarchie du Golfe cherche à se positionner dans l'IA en s'assurant un accès aux technologies américaines de pointe.
Ryad cherchera à démontrer que ses ambitions technologiques sont "réelles et réalisables", estime Robert Mogielnicki.
Le prince héritier est attendu en novembre aux Etats-Unis pour sa première visite dans ce pays depuis mars 2018, quelques mois avant le tollé suscité par l'assassinat par des agents saoudiens du journaliste du Washington Post Jamal Khashoggi.
Il doit y rencontrer le président Donald Trump, avec lequel il entretient des liens étroits, renforcés par les 600 milliards de dollars d'investissements saoudiens promis aux industries américaines lors de la visite M. Trump à Ryad en mai.
 
                 
                 
                 
                 
                 
                 
                 
    


 
         
         
         
         
         
         
            
             
            
             
            
             
            
             
                