Tradition et culture - Le Taombaovao malagasy relance le débat
La déclaration du nouveau ministre de la Communication et de la Culture, Gascar Fenosoa, sur la nécessité de définir et célébrer le Taombaovao malagasy a ravivé les discussions sur l’identité culturelle à Madagascar.
Entre traditions locales, diversité régionale et unité nationale, spécialistes et artistes s’interrogent sur le rôle de cette fête.
Définir le Taombaovao : un défi culturel
Hier, lors de sa prise de fonction, Gascar Fenosoa a déclaré que sa priorité serait de mettre en valeur le Taombaovao malagasy : « Le Taombaovao doit être un symbole d’identité commune, respectueux des particularités régionales et porteur d’un message de cohésion nationale ». Cette annonce a immédiatement relancé le débat sur la signification exacte de cette fête, encore floue selon plusieurs spécialistes. Pour l’historien Denis Alexandre, il est difficile d’imposer une date unique : « Chaque région a ses traditions. Fixer un nouvel an malgache serait s’inspirer de modèles occidentaux et risquerait d’écraser la diversité culturelle ». Selon lui, la culture mérite une approche réfléchie, loin des simples décrets.
Par ailleurs, les "vohitra" qui célèbrent le nouvel an malgache suivent deux concepts différents. Par exemple, Ambohidrabiby propose un nouvel an malgache pour tous, sur le thème de "Fidiovana". Les rituels tout au long de l'événement correspondent à tous, qu'ils soient chrétiens ou conservateurs de la tradition malgache. Par contre, l'Alahamadibe d'Ambohimanga réunissent les véritables engagés à la religion traditionnelle malagasy. Les "zanahary" et esprits" des rois sont mis en avant pendant les rites de la célébration.
Une richesse culturelle à protéger
L’écrivaine Michele Rakotoson rappelle que la culture malgache se vit dans les chants, la musique, l’artisanat, la cuisine ou le travail du paysage : « La culture, c’est la manière dont un peuple se raconte, se chante et se perpétue. Défendre la culture, c’est défendre son peuple et son identité ». Les débats actuels montrent la complexité de conjuguer respect des traditions régionales et construction d’une identité nationale partagée. Pour les acteurs culturels et les décideurs, le défi est double : valoriser le patrimoine tout en donnant aux artistes et aux citoyens la liberté de créer et de s’exprimer. Le Taombaovao malagasy devient ainsi un révélateur de la manière dont Madagascar peut penser son unité sans effacer sa diversité.


