Relations franco-malgaches : Ce n’était pas si harmonieux entre Paris et Andry Rajoelina, affirme Bruno Fuchs
De retour d’une mission officielle à Madagascar, Bruno Fuchs, président de la Commission des affaires étrangères de l’Assemblée nationale française, a livré sur le plateau de TV5 Monde un témoignage révélateur. Contrairement aux idées reçues, les relations entre la France et l’ancien président Andry Rajoelina n’auraient pas été aussi harmonieuses qu’on le pensait.
Une mission d’écoute et d’observation à Madagascar
Premier élu européen à se rendre à Madagascar depuis le départ d’Andry Rajoelina, Bruno Fuchs, député du Haut-Rhin, a effectué la semaine dernière une mission officielle sur la Grande Île. Selon ses déclarations, cette visite avait pour objectif « d’écouter, comprendre et échanger avec les nouvelles autorités », à la suite du changement de gouvernance intervenu dans le pays. Le parlementaire français a notamment rencontré le président de la Refondation de la République, Michaël Randrianirina, au palais d’Iavoloha, en présence de l’ambassadeur de France à Madagascar, Arnaud Guillois.
Durant son passage à Antananarivo, le député a été témoin d’un événement marquant : l’arrestation de deux étrangers suspectés de vouloir renverser le nouveau pouvoir. Interrogé à ce sujet, il a confirmé que « des organisations se structuraient pour tenter de déstabiliser la refondation », estimant que de tels risques étaient fréquents dans une période de transition. Il a également rencontré les représentants du mouvement Gen Z, à l’origine des manifestations qui ont conduit à la chute du régime précédent. « J’ai exprimé mon admiration pour leur engagement et leur détermination », a-t-il déclaré, tout en reconnaissant les craintes de ces jeunes « de se voir dépossédés de leur combat ».
Relations tendues entre la France et le régime Rajoelina
Au cours de son entretien sur TV5 Monde, Bruno Fuchs a apporté un éclairage nouveau sur la relation entre Paris et Andry Rajoelina. Contrairement à l’image d’une coopération étroite entre les deux capitales, il a affirmé que « la relation entre la France, le gouvernement français et l’ancien président Rajoelina n’était pas aussi bonne qu’on le dit ». Le député a évoqué « des tensions permanentes » entre les deux parties, citant notamment la demande de l’ancien chef de l’État de voir rapatrier à Madagascar certains opposants installés en France, une requête restée sans suite. « La France ne l’a jamais fait », a-t-il précisé. Selon lui, 75 % des projets proposés par la France n’auraient pas été mis en œuvre sous le régime Rajoelina, un signe, dit-il, d’une relation « loin d’être harmonieuse ».
Bruno Fuchs a également été interrogé sur la rumeur selon laquelle la France aurait facilité la sortie du territoire d’Andry Rajoelina lors de la crise. « J’ai posé la question à mon gouvernement, mais je n’ai pas encore reçu de réponse », a-t-il indiqué. Il estime toutefois que cette éventuelle exfiltration aurait pu éviter un affrontement sanglant. « S’il était resté, il y aurait certainement eu une complexité, voire une violence accrue dans la transition », a-t-il analysé. Le député appelle cependant à plus de transparence sur ce sujet sensible : « La France doit clarifier sa position, car les 35 000 à 40 000 Français vivant à Madagascar se sentent aujourd’hui en situation de précarité », a-t-il déclaré.



