Santé et tradition : Jardins du monde aide Madagascar à préserver ses savoirs médicinaux
Les savoirs ancestraux liés à l’usage des plantes médicinales à Madagascar se perdent peu à peu. La dégradation de la biodiversité et la transmission orale fragilisée menacent une pratique essentielle pour de nombreuses communautés rurales. Face à cette situation, l’association française Jardins du monde s’engage à préserver et valoriser ces connaissances traditionnelles.
Une richesse végétale unique au monde
Madagascar est reconnue pour sa biodiversité exceptionnelle, notamment en matière de plantes médicinales. Une étude publiée dans Ethnobotany Research and Applications et intitulée “Synthesis and analysis of data on inventories of medicinal plants in Madagascar” recense près de 3 245 espèces médicinales en usage sur l’île, dont environ 60 % sont endémiques. D’autres sources évoquent 2 300 espèces utilisées à des fins thérapeutiques, dont la majorité ne sont pas commercialisées. Ces chiffres témoignent d’un patrimoine botanique remarquable, mais également vulnérable face à la déforestation et au changement climatique, qui menacent les écosystèmes naturels.
La médecine traditionnelle repose depuis des siècles sur une transmission orale des connaissances, de génération en génération. Or, cette pratique tend à s’effriter. « Malheureusement, cette tradition orale tend à disparaître, accélérée par la menace climatique sur la biodiversité végétale », explique Marc Olivier, ethnobotaniste au sein de l’association Jardins du monde. La disparition progressive de certaines espèces entraîne avec elle une perte irrémédiable des savoirs qui leur sont associés.
Entre savoirs et santé publique
Fondée à Quimper, en France, par Jean-Pierre Nicolas, l’association Jardins du monde œuvre depuis plus de vingt ans pour promouvoir l’usage raisonné des plantes médicinales dans les zones reculées. Présente notamment au Burkina Faso et à Madagascar, elle aide les populations éloignées des services de santé à utiliser les ressources locales pour se soigner. « L’association promeut l’usage des plantes médicinales là où l’accès à la médecine moderne reste difficile, explique Chloé Goulié, directrice de l’organisation. Dans de nombreux pays, il existe une riche pharmacopée végétale et des savoirs locaux. Notre objectif est de les étudier, de les valider scientifiquement et de les partager avec les institutions sanitaires, les ONG et les organisations paysannes locales. » Soutenue par la Région Bretagne et divers mécènes, l’association réalise des enquêtes ethnobotaniques, validées scientifiquement, et favorise la création de jardins de plantes médicinales dans les villages partenaires.
Les plantes cultivées permettent de soigner des affections courantes telles que les troubles digestifs, les maladies de peau, les affections respiratoires ou infectieuses. Au-delà de la santé, Jardins du monde mène également des campagnes de sensibilisation sur l’hygiène, la nutrition et la préservation de l’environnement, contribuant ainsi à une meilleure résilience des communautés rurales. À Madagascar, où l’accès aux soins demeure inégal, la reconnaissance des médecines traditionnelles représente un enjeu de santé publique autant qu’un moyen de préserver la biodiversité et la mémoire collective.



