Art oratoire - Au seuil de ses 62 ans, le Fi.Mpi.Ma interroge l’avenir du kabary
Pour son anniversaire, le Fikambanan’ny Mpikabary Malagasy maneran-tany propose un échange public inhabituel autour des mutations culturelles. Une manière d’aborder la transmission du kabary à l’heure où les repères s’internationalisent.
Commemoration
Demain, le Fi.Mpi.Ma soufflera ses 62 bougies. Mais loin d’une commémoration traditionnelle, l’association a choisi de consacrer cette date à un moment de réflexion collective. Le rendez-vous se déroulera au Havoria, à Anosy, à partir de 13h30, sous la forme d’un « takalo » où l’écoute et l’analyse primeront sur la cérémonie. Le sujet retenu — les valeurs malgaches face aux dynamiques de mondialisation — ouvre un champ de débat rarement abordé publiquement. Les intervenants, le Dr Rabenalisoa Ravalitera Jean et Ranjatohery Harilala, deux personnalités très respectées au sein du Fi.Mpi.Ma, apporteront leur lecture de ces transformations et des nouveaux défis liés à l’identité culturelle.
En optant pour ce format, l’association entend rappeler que le kabary n’est pas seulement un art du discours, mais aussi un espace de pensée. L’anniversaire devient ainsi un prétexte pour réexaminer le rôle que peut jouer cette tradition dans une société en mouvement, où les jeunes générations naviguent entre code ancestral et influences globalisées.
Un rendez-vous qui traverse les frontières
Le « Takalo dinika amorom-patana » n’est pas un événement isolé : il s’inscrit dans une série d’échanges hebdomadaires que le Fi.Mpi.Ma anime depuis plusieurs années. Mais ce qui singularise ce programme, c’est sa diffusion hybride. Les discussions ont longtemps eu lieu en ligne, via Zoom ou Facebook, permettant aux membres dispersés dans le monde — en Afrique, en Europe ou dans l’océan Indien — de suivre en direct et de contribuer aux débats. Ce mode d’organisation a profondément transformé la portée de l’association. Le kabary ne s’adresse plus uniquement à ceux présents physiquement à Madagascar : il devient un lien transcontinental, adapté aux mobilités modernes.
Les thèmes choisis, souvent peu explorés ailleurs, cherchent à interroger plutôt qu’à transmettre des certitudes. En célébrant son parcours de 1963 à 2025 par un moment de réflexion collective plutôt qu’un simple bilan, le Fi.Mpi.Ma affirme sa volonté de garder le kabary vivant, pertinent et capable d’accompagner les mutations sociales. Une manière de dire que 62 ans n’est pas un âge de nostalgie, mais un point de départ vers de nouvelles formes de transmission.
