Mobilisation des ressources : Madagascar progresse mais reste en dessous de la moyenne africaine
Selon l’édition 2025 des Statistiques des recettes publiques en Afrique, le pays a atteint en 2023 son meilleur niveau de collecte fiscale depuis plus de vingt ans, tout en demeurant en retrait par rapport au reste du continent.
L’édition 2025 des Statistiques des recettes publiques en Afrique, publiée par l’OCDE, la Commission de l’Union africaine et l’ATAF, dresse un panorama détaillé de l’évolution des recettes fiscales et non fiscales dans 38 pays africains jusqu’en 2023. Ce rapport, qui inclut pour la première fois la Gambie et le Libéria, est devenu un outil essentiel pour mesurer la mobilisation des ressources intérieures et orienter la conception des politiques fiscales sur le continent. Il s’inscrit également dans les objectifs globaux de développement, tels que l’Agenda 2063 de l’Union africaine et les Objectifs de développement durable.
Un contexte économique difficile
Le continent africain a traversé une conjoncture défavorable en 2023, marquée par un ralentissement de la croissance, une inflation élevée et une baisse des prix des matières premières. Dans ce contexte, les recettes fiscales en pourcentage du PIB ont augmenté dans 24 pays, diminué dans 14 et sont restées stables dans un seul. Le ratio moyen impôts/PIB s’est établi à 16,1 %, un niveau inférieur à ceux observés en Asie-Pacifique, en Amérique latine et dans les pays de l’OCDE.
Madagascar fait partie des pays ayant renforcé leur mobilisation fiscale en 2023. Le ratio impôts/PIB est passé de 11,4 % en 2022 à 12,3 %, atteignant son niveau le plus élevé depuis plus de vingt ans. Depuis 2013, le taux de prélèvements obligatoires a progressé de 3,1 points, témoignant d’une tendance positive dans l’amélioration des mécanismes de collecte. Malgré ces avancées, le pays demeure en deçà de la moyenne africaine, ce qui révèle un potentiel encore important de mobilisation des ressources intérieures.
Une forte dépendance vis-à-vis des dons
La structure des recettes fiscales malgaches reste marquée par une forte dépendance à la taxe sur la valeur ajoutée. En 2023, la TVA a représenté 48 % de l’ensemble des recettes fiscales de l’État, constituant la première source de revenus publics. Les impôts sur les biens et services autres que la TVA ont compté pour 19 %. À l’inverse, les impôts sur le revenu, les bénéfices des entreprises et les cotisations sociales occupent une place limitée, contrairement aux structures fiscales observées dans les pays plus diversifiés. Cette prédominance de la fiscalité sur la consommation souligne la vulnérabilité du système face aux fluctuations économiques.
Les recettes non fiscales ont atteint 2,6 % du PIB en 2023 à Madagascar, un niveau inférieur à la moyenne africaine de 5,9 %. Ces recettes proviennent en grande majorité des dons internationaux, qui ont représenté 88 % de l’ensemble des revenus non fiscaux. Les autres sources, telles que les revenus de la propriété, les loyers ou la vente de biens et services, demeurent marginales. Cette dépendance à l’aide extérieure accentue la fragilité du financement public et souligne l’importance du soutien international pour l’équilibre du budget national.
À l’échelle africaine, les recettes non fiscales ont varié fortement d’un pays à l’autre en 2023, allant de 0,5 % du PIB en Gambie à 33,8 % au Lesotho. Dans certains pays comme le Botswana, le Congo ou la Somalie, elles ont même dépassé les recettes fiscales. En moyenne, ces revenus sont restés stables entre 2022 et 2023, mais leur baisse observée depuis 2013 a presque entièrement compensé l’augmentation des recettes fiscales sur la même période.



