Apprentissage : la chaleur réduit les chances de réussite des enfants dans plusieurs pays, dont Madagascar
Une étude internationale menée sur plus de 19 000 enfants dans six pays, dont Madagascar, révèle que l’exposition à des températures supérieures à 30 °C réduit les chances d’atteindre les étapes fondamentales de l’apprentissage. Les chercheurs alertent sur les effets croissants du réchauffement climatique sur le développement des plus jeunes.
Une nouvelle étude publiée le 8 décembre 2025 dans la revue Journal of Child Psychology and Psychiatry montre que les fortes chaleurs peuvent perturber les étapes essentielles de l’apprentissage chez les enfants âgés de trois à quatre ans. Réalisée par des chercheurs de l’Université de Chicago et de l’Université de New York Steinhardt, elle met en lumière un risque encore peu documenté du réchauffement climatique : son influence sur le développement cognitif des tout-petits.
La chaleur impacte le développement des enfants
Depuis plusieurs années, la planète fait face à une augmentation progressive des températures, en raison notamment des émissions croissantes de gaz à effet de serre comme le dioxyde de carbone ou le méthane. Ce phénomène entraîne des vagues de chaleur plus fréquentes, la fonte des glaciers, l’élévation du niveau des mers ou encore des perturbations écologiques majeures. Outre les conséquences sur la santé, comme l’aggravation des maladies respiratoires et cardiaques, la chaleur pourrait également affecter le fonctionnement cérébral, particulièrement chez les enfants en bas âge.
L’étude s’appuie sur l’analyse des données de plus de 19 000 enfants vivant à Madagascar, en Gambie, en Géorgie, au Malawi, en Palestine et en Sierra Leone. Ces pays ont été retenus pour la disponibilité d’informations détaillées sur les conditions de vie, l’environnement climatique et le développement de la petite enfance. Les chercheurs ont utilisé l’Indice de développement de la petite enfance, qui évalue la lecture, le calcul, les compétences sociales et émotionnelles, les comportements d’apprentissage et le développement physique, en parallèle des données issues des Enquêtes par grappes à indicateurs multiples entre 2017 et 2020.
Des retards d’apprentissage
Les résultats montrent que les enfants exposés à des températures moyennes supérieures à 30 °C ont entre 5 et 6,7 % moins de chances d’atteindre les étapes fondamentales de l’apprentissage, notamment en lecture, en calcul et en écriture. Les retards sont encore plus prononcés chez les enfants issus de familles pauvres, vivant en zones urbaines ou ayant un accès limité à l’eau potable, ce qui renforce leur vulnérabilité face aux effets de la chaleur.
Pour Jorge Cuartas, auteur principal de l’étude et professeur adjoint de psychologie appliquée à l’Université de New York Steinhardt, les conclusions doivent inciter à agir. « Comme le développement précoce jette les bases de l’apprentissage tout au long de la vie, de la santé physique et mentale et du bien-être général, ces résultats devraient alerter les chercheurs, les décideurs politiques et les professionnels sur l’urgence de protéger le développement des enfants dans un monde qui se réchauffe », souligne-t-il.


