Explorer la tresse autrement : Le travail de Chloé Soafaniry Ramanankasina exposé à la Fondation H de Paris
Lauréate du Prix Paritana 2025, la designer et artiste visuelle malgache Chloé Soafaniry Ramanankasina expose actuellement à l’espace parisien de la Fondation H une installation intitulée « Renouer les tresses de son identité ». À travers la pratique de la tresse, l’artiste propose une réflexion qui dépasse le cadre du coiffage pour interroger la mémoire, l’identité et l’héritage culturel malgache.
La tresse comme objet de réflexion culturelle
Chloé Soafaniry Ramanankasina est lauréate du Prix Paritana 2025, un programme porté par la Fondation H visant à soutenir la création contemporaine. Sélectionnée pour son projet « Renouer les tresses de son identité », elle a bénéficié d’une résidence de trois mois à la Cité internationale des arts à Paris. Cette période de recherche et de création a abouti à une exposition présentée à l’espace parisien de la Fondation H depuis le 11 décembre 2025 jusqu’au 24 janvier 2026. Au cœur du projet, la tresse est envisagée comme un geste social et culturel. Selon le texte d’accompagnement rédigé par la chercheuse doctorante et curatrice Hannah Abdullahi, l’artiste s’appuie sur le moment du tressage pour explorer les liens entre geste, oralité et transmission. En revisitant l’histoire du cheveu malgache au-delà de sa fonction esthétique, l’œuvre met en lumière son rôle dans la valorisation de l’identité et de la culture.
La démarche artistique de Chloé Soafaniry Ramanankasina s’inscrit également dans une dimension personnelle. Le geste de la tresse est présenté comme un espace de guérison et d’acceptation de soi, avant de s’élargir au collectif. En transformant ce rituel intime en pratique partagée, l’artiste ouvre un espace où les récits personnels et les mémoires individuelles participent à la construction d’un héritage commun.
Une installation immersive en trois parties
L’installation « Renouer les tresses de son identité » se déploie en trois éléments complémentaires. Des pans de coton noir brodés de mots introduisent les notions d’intimité, de geste, de transmission et de mémoire liées au temps de la tresse. Une installation sonore, composée de modules textiles inspirés de la vannerie et ornés de tresses, diffuse des témoignages de femmes issues de différentes régions de Madagascar, évoquant leurs souvenirs d’enfance autour de la coiffure. Enfin, une œuvre circulaire posée au sol sur des tsihy, constituée de tresses textiles noires volontairement inachevées, invite le public à prolonger le geste et à participer à la transmission. À travers cette installation, l’artiste propose une nouvelle manière d’interpréter et de transmettre l’héritage malgache. Le temps du tressage devient un espace collectif où l’intime se transforme en patrimoine. La participation du public est au cœur du dispositif, faisant de l’œuvre un héritage vivant, nourri par le partage des souvenirs, des expériences et du soin.
Née en 2000 à Tamatave, Chloé Soafaniry Ramanankasina vit et travaille en France. Après son baccalauréat, elle s’est formée au design et poursuit actuellement un master en Prospective Design à l’Université des Mines et à l’Université de Saint-Étienne. Sa pratique artistique, qui mobilise le dessin, le collage, la photographie, la vidéo et le design de services, explore les questions de transmission, d’identité et de représentation à partir de la culture malgache. À l’issue de l’exposition parisienne, « Renouer les tresses de son identité » sera présenté à l’Institut français de Madagascar à Analakely, Antananarivo, au deuxième trimestre 2026.


