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Nationale

Conservation des forêts de Madagascar : la gestion locale réduit la déforestation de 40 à 55 %

31/12/2025 12:48 © Moov.Mg

D’après les Perspectives 2025 de Conservation Allies, Madagascar compte désormais 110 aires protégées terrestres couvrant 11,7 % du territoire national. Le rapport montre que les zones gérées avec les communautés locales affichent des taux de déforestation nettement inférieurs, alors que près de la moitié des sites restent menacés.

Renforcement du réseau d’aires protégées de Madagascar

Madagascar est reconnu comme l’un des pays les plus riches au monde en biodiversité, avec plus de 80 % d’espèces endémiques. Pour préserver ce patrimoine, l’État a progressivement renforcé son réseau d’aires protégées. D’après les Perspectives 2025 des aires protégées de Madagascar, le pays compte aujourd’hui 110 aires protégées terrestres, représentant environ 6,8 millions d’hectares.

Ces espaces couvrent 11,7 % du territoire national. Près de la moitié de cette superficie est désormais gérée par des ONG et associations malgaches, en partenariat avec l’État et les communautés riveraines. Cependant, le rapport met en évidence une situation contrastée. Malgré leur statut, les aires protégées ont déjà perdu près de la moitié de leur couvert forestier initial. Il ne subsiste qu’environ 3,3 millions d’hectares de forêt primaire, et la dégradation se poursuit sur de nombreux sites. Au total, 47 % des aires protégées sont aujourd’hui considérées comme « menacées », un chiffre en hausse par rapport à l’année précédente. Cette tendance souligne les limites des moyens actuels face à la pression démographique, aux besoins économiques et à l’exploitation des ressources naturelles.

Les zones gérées localement, mieux protégées

Les Perspectives 2025 apportent toutefois un constat jugé encourageant. Les aires protégées plus récentes, notamment celles cogérées avec des organisations locales entre 2015 et 2020, affichent des taux de déforestation inférieurs de 40 à 55 % à la moyenne nationale. Ces résultats suggèrent que l’implication directe des communautés locales, associée à un encadrement technique et institutionnel, contribue à une meilleure protection des forêts. Selon le rapport, les zones gérées localement enregistrent des performances supérieures en matière de conservation.

Plusieurs organisations locales jouent un rôle central dans ce dispositif. Madagasikara Voakajy intervient dans la création de nouvelles aires protégées et le renforcement des capacités communautaires. Fanamby assure la gestion de six aires protégées, couvrant environ 500 000 hectares, tout en soutenant des milliers de familles à travers des activités génératrices de revenus. Impact Madagascar agit sur plus de 200 000 hectares de forêts sèches, de mangroves et de zones humides, en lien avec les moyens de subsistance de près de 3 000 foyers. Pour ces acteurs, la signature récente de contrats de délégation avec l’État constitue une étape majeure. Ces accords leur confèrent un mandat officiel pour gérer certains territoires aux côtés des autorités publiques.

Un cadre politique en évolution

Cette avancée intervient dans un contexte national marqué par une période de transition politique et de fortes attentes sociales. Selon Conservation Allies et ses partenaires, les organisations locales jouent un rôle de continuité dans les territoires, en maintenant le dialogue entre les communautés et les institutions publiques. Elles se présentent comme des intermédiaires entre les enjeux de conservation, les données scientifiques et les réalités économiques des populations locales, notamment dans les zones rurales éloignées. Les nouveaux contrats de délégation imposent des exigences élevées en matière de gestion, de transparence et d’implication communautaire. Si ces obligations traduisent une reconnaissance des capacités de la société civile malgache, elles nécessitent également des ressources adaptées.

Le rapport souligne que la réussite de la gestion partagée dépendra d’une meilleure coordination entre l’État, les organisations locales et les bailleurs de fonds, afin d’éviter que la charge ne repose de manière disproportionnée sur les acteurs de terrain. Car au-delà de la biodiversité, les forêts malgaches jouent un rôle important dans la lutte contre le changement climatique. Selon les estimations du rapport, la déforestation au sein des aires protégées a déjà entraîné l’émission d’environ 1,9 gigatonne de CO₂. Un ralentissement de la déforestation permettrait d’éviter jusqu’à 200 millions de tonnes d’émissions supplémentaires au cours des dix prochaines années.
La conservation menée par les communautés locales est ainsi présentée comme une solution efficace, mais encore insuffisamment financée, pour répondre à ces enjeux environnementaux.

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