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Travailleurs du bâtiment : L’OIT alerte sur l’impact des normes viriles à Madagascar

08/08/2025 16:16 © Moov.Mg

Un rapport publié par l’Organisation internationale du travail (OIT) met en évidence l’influence des normes sociales liées à la masculinité sur les comportements à risque des ouvriers du secteur de la construction à Madagascar. Une réalité qui contribue à accroître leur vulnérabilité face aux accidents et maladies professionnels.

Le rapport intitulé « Chapeaux durs et vérités dures : Masculinité et la sécurité et la santé des travailleurs de la construction à Madagascar, publié par le Service de la sécurité, de la santé et de l'environnement au travail de l’OIT, explore l’impact des représentations culturelles de la masculinité sur la santé et la sécurité des travailleurs du bâtiment. Cette étude s’appuie sur des entretiens individuels, des discussions de groupe et des analyses d’images pour comprendre comment les dynamiques sociales façonnent les comportements en milieu professionnel.

Environnement exclusivement masculin

Selon les résultats de l’étude, les chantiers de construction sont considérés comme des environnements exclusivement masculins, où la prise de risques est valorisée comme une marque de bravoure. Le danger est perçu comme inhérent au métier, et les comportements prudents sont parfois interprétés comme des signes de faiblesse ou d’inexpérience. Les ouvriers, souvent poussés par la pression du groupe, tendent à minimiser les risques, ce qui se traduit par un rejet ou une utilisation inadéquate des équipements de protection individuelle, même lorsqu’ils sont disponibles. Dans le secteur informel, l’usage d’équipements de sécurité est rare et parfois perçu comme étranger aux habitudes de travail locales. Certains travailleurs considèrent même les EPI comme inutiles, préférant recourir à des croyances traditionnelles, telles que l’utilisation de cendre de cigarette pour traiter une blessure ou le yaourt pour se protéger des fumées toxiques. L’expérience est souvent vue comme la principale barrière contre les accidents, reléguant les normes de sécurité au second plan.

L’étude souligne également le déni fréquent des douleurs et maladies professionnelles. Les signes de fatigue sont rarement exprimés, de peur d’être ridiculisés ou punis, notamment à travers des gestes banalisés comme les "coups de pied ludiques". Cette culture du silence pousse les ouvriers à travailler malgré la maladie ou les blessures, par crainte de perdre leur emploi ou de ne plus pouvoir subvenir aux besoins de leur famille.

Réduction du nombre d’accidents professionnels

Les femmes représentent à peine 2 % de la main-d'œuvre dans le secteur de la construction à Madagascar. Celles qui y travaillent doivent faire face à une double pression : elles sont souvent cantonnées à des tâches jugées moins pénibles et doivent, pour être acceptées, démontrer leur endurance et leur capacité à affronter les mêmes risques que leurs collègues masculins. Leur présence est parfois perçue comme un facteur de désorganisation, voire de baisse de productivité.

Face à ces constats, l’OIT propose une série de recommandations visant à instaurer une culture de sécurité plus inclusive. Le rapport suggère de sensibiliser à la sécurité dès le plus jeune âge, avant que les comportements à risque ne soient assimilés à des valeurs viriles. Il appelle également à la mise en place de mécanismes sûrs pour dénoncer les comportements discriminatoires, et à une refonte des messages de prévention, afin de valoriser les pratiques sûres comme un gage de longévité professionnelle et de responsabilité familiale.

La remise en question des comportements à risque liés aux représentations de la masculinité ne concerne pas uniquement Madagascar. Dans un contexte où la construction reste l’un des secteurs les plus dangereux au monde, cette réflexion pourrait contribuer à améliorer les conditions de travail et à réduire le nombre d’accidents et de décès professionnels à l’échelle mondiale.

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