Madajazzcar suspendu : Une pause forcée pour un festival en pleine ascension
La suspension du Madajazzcar Festival, annoncée par ses organisateurs, ne concerne pas uniquement les amateurs de jazz. Cet arrêt touche toute une chaîne culturelle et économique qui s’était construite autour de ce rendez-vous incontournable.
Un choc pour la scène culturelle
Le Madajazzcar n’est pas un simple festival : c’est l’un des rares événements internationaux de Madagascar à rayonner bien au-delà de ses frontières. Chaque année, il attire des artistes étrangers, des passionnés de jazz et un public local fidèle. Autour de ses concerts gravitent des centaines d’acteurs : musiciens, techniciens, ingénieurs du son, hôteliers, restaurateurs, transporteurs. La suspension de la 36ᵉ édition, qui devait s’étendre dans quatre grandes villes après des années de montée en puissance, provoque donc une onde de choc.
« C’est plus qu’une coupure musicale, c’est une perte d’opportunités pour tout un secteur », confie un professionnel du tourisme, rappelant que l’événement dynamisait aussi l’image culturelle de la Grande Île.
La jeunesse privée d’un tremplin
Pour les jeunes Malgaches, ce festival représentait une passerelle vers un avenir musical. Le Tremplin Madajazzcar, organisé en amont, a permis à de nouveaux talents d’accéder à des scènes professionnelles. Les masterclasses animées par des jazzmen internationaux offraient une transmission directe d’expérience, rare à Madagascar.
En interrompant ce cycle, la suspension prive une génération de musiciens d’un moment clé de formation et de visibilité. Pourtant, l’intérêt pour le jazz est bien réel : les enquêtes auprès du public montrent que la jeunesse malgache se passionne de plus en plus pour ce genre, au point que le pays compte l’un des taux les plus élevés de jeunes instrumentistes de jazz dans la région. Les organisateurs se veulent néanmoins rassurants : le festival reprendra dès que le contexte le permettra. D’ici là, c’est toute une scène musicale qui devra s’adapter et trouver d’autres espaces pour faire entendre ses notes. Car au-delà d’un rendez-vous culturel, le Madajazzcar est devenu un symbole : celui de la résilience d’un art vivant, qui continue de battre malgré les silences imposés.
