ADN : 70 % de similarité entre Malgaches et Indonésiens
Les recherches menées par la biologiste indonésienne Hermawati Sudoyo, du Eijkman Institute for Molecular Biology à Jakarta, confirment un lien ancien entre Madagascar et l’Indonésie.
Selon ses travaux, les Malgaches partagent 70 % de leur héritage génétique maternel avec des populations d’Asie du Sud-Est, notamment celles de Bornéo.
Des origines communes révélées
C’est à Jakarta, au sein de la Bibliothèque nationale d’Indonésie, que la professeure Hermawati Sudoyo revient sur ses recherches consacrées aux origines du peuple malgache. Cette étude, lancée en 2016 en collaboration avec plusieurs institutions de Madagascar et d’Indonésie, visait à vérifier ce que la linguistique et la culture suggéraient déjà : une proximité profonde entre les deux peuples. Les analyses ADN ont révélé une double ascendance. Côté paternel, environ 70 % des gènes malgaches proviennent d’Afrique, tandis que 70 % de la lignée maternelle est issue d’Asie, plus précisément de la région de Bornéo, sur le fleuve Barito. Autrement dit, les ancêtres maternels des Malgaches étaient des femmes venues d’Indonésie, qui auraient voyagé avec des navigateurs austronésiens particulièrement des Bajo et des Malais ,il y a près d’un millénaire. « Nos gènes racontent une histoire de migrations et de métissages. Malgré la distance, nous partageons les mêmes mères ancestrales », explique la chercheuse.
Une histoire millénaire entre l’Asie et l’Afrique
Les similitudes entre Madagascar et l’Indonésie ne s’arrêtent pas à la biologie. La langue malgache, d’origine austronésienne, partage près de 90 % de son vocabulaire avec le ma’anyan, langue parlée à Bornéo. Les Ma’anyan, peuple dayak vivant dans les forêts du centre de l’île, seraient les lointains cousins linguistiques des premiers migrants vers Madagascar. Les navigateurs austronésiens auraient ainsi traversé l’océan Indien, transportant avec eux femmes, techniques de navigation, plantes, coutumes et traditions, qui se sont ensuite mêlées à celles des populations africaines.
Ce métissage ancien explique aujourd’hui la richesse culturelle et génétique du peuple malgache. Pour Hermawati Sudoyo, la génétique ouvre désormais de nouvelles perspectives : « Grâce aux progrès de la génomique, nous pouvons non seulement retracer notre passé, mais aussi anticiper l’avenir, notamment en matière de santé. Ainsi, au-delà des chiffres, cette découverte raconte une histoire humaine partagée, celle d’un peuple né de la rencontre entre deux mondes : l’Afrique et l’Asie, unies par la mer et la mémoire du sang.