Table Ronde Économique 2025 : les entreprises malgaches en phase avec la refondation du pays
Le secteur privé malgache veut profiter de la dynamique de refondation nationale pour engager des réformes internes et renforcer sa contribution au développement du pays. Ce message a dominé les échanges lors de la 8ᵉ édition de la Table Ronde Économique (TRE), organisée ce mardi à Ambodivona, sous le thème « Les contributions multidimensionnelles du secteur privé aux efforts de développement de Madagascar ».
Secteur privé, moteur de la relance économique
Créée en 2015, la Table Ronde Économique réunit chaque année les acteurs du secteur public, du secteur privé et les partenaires internationaux. Elle vise à améliorer le climat des affaires et à identifier des actions communes pour renforcer la compétitivité des entreprises. Cette édition 2025, organisée avec le soutien de l’Union européenne, a mis en avant le rôle du secteur privé comme moteur de la relance économique. Représentant plus de 80 % du produit intérieur brut, 90 % des emplois et 85 % des recettes fiscales, ce secteur apparaît comme un levier essentiel de croissance pour Madagascar. « Beaucoup de choses ont été dites ces dernières années sur l’état de l’économie malgache. Maintenant, c’est le moment de l’action », a déclaré Roland Kobia, Ambassadeur de l’Union européenne, qui a réaffirmé la volonté de l’Union de poursuivre son appui au secteur privé.
L’Union européenne demeure, en effet, le premier partenaire économique de Madagascar, avec plus d’un milliard d’euros d’échanges bilatéraux en 2024, 40 % des investissements directs étrangers et 117 000 emplois directs générés. Les discussions ont également évoqué la conclusion prochaine d’un nouvel accord de partenariat économique entre Madagascar et l’Union européenne, qui devrait élargir les échanges aux services, aux investissements et aux règles d’origine.
Divers sujets au cœur des débats
Les échanges ont permis de soulever plusieurs pistes de réforme. Les participants ont plaidé pour une fiscalité plus axée sur la sensibilisation que sur la répression, et pour une meilleure sécurité juridique et fiscale afin de garantir la stabilité des recettes publiques. La question de l’accès à l’énergie a été présentée comme une priorité pour soutenir l’industrialisation, tandis que la professionnalisation des acteurs économiques et le financement des petites entreprises ont été identifiés comme des enjeux majeurs. L’idée de tenir prochainement des assises de la relance économique a également été annoncée.
Par ailleurs, le secteur privé a souligné l’importance d’une stratégie d’intégration locale pour réduire la dépendance du pays aux importations. La transformation des produits agricoles, aujourd’hui exportés principalement à l’état brut, fait partie des priorités identifiées pour créer de la valeur ajoutée. Les discussions ont également porté sur la formalisation du secteur informel, la diffusion des données économiques et l’accès à l’information, considérés comme des leviers essentiels pour dynamiser la croissance. La responsabilité sociétale et environnementale des entreprises (RSE) a aussi été évoquée. Bien que cette démarche soit encore jeune à Madagascar, elle suscite un intérêt croissant auprès des entreprises.
Un engagement collectif pour la transformation
Le Gouvernement malgache, représenté par le ministère de l’Industrialisation et du Développement du Secteur Privé, a insisté sur la nécessité de disposer d’un secteur privé fort et compétitif. « Le ministère reste mobilisé pour offrir un accompagnement constant et trouver des solutions conjointes avec l’État », a déclaré Priscilla Randrianarivo, secrétaire générale du ministère. Elle a rappelé que la création d’un ministère spécifiquement dédié au développement du secteur privé constitue une décision importante de la refondation.
Pour Rivo Rajotondrasanjy, président du FIVMPAMA, la période actuelle constitue une « occasion à saisir pour engager une réforme structurelle de l’économie et de l’entrepreneuriat ». De son côté, Josielle Rafidy, directrice générale de l’Economic Development Board of Madagascar (EDBM), a rappelé que son institution joue un rôle clé dans la gestion du Dialogue Public-Privé, en recueillant les propositions du secteur privé et en veillant à leur mise en œuvre. Les propositions issues de cette 8ᵉ édition seront intégrées à l’agenda du Dialogue Public-Privé et contribueront à la création d’un Observatoire du Secteur Privé, chargé de suivre et de valoriser les contributions économiques et sociales des entreprises.



