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Malnutrition à Madagascar : un dollar investi en prévention génère sept fois plus d’impact

30/12/2025 12:06 © Moov.Mg

Face à la récurrence des crises climatiques et sanitaires à Madagascar, l’ONG Action contre la Faim (ACF) mise sur les actions anticipatoires pour limiter l’impact de ces chocs sur la malnutrition. Une approche qui permet d’intervenir en amont et qui, selon une étude récente, s’avère plus efficace et moins coûteuse que les réponses d’urgence classiques.

Agir avant le choc plutôt qu’après

Sécheresses, cyclones, inondations ou encore épidémies affectent régulièrement Madagascar, fragilisant les moyens de subsistance des populations. Ces chocs détruisent les récoltes, perturbent l’accès à l’eau potable et aux soins de santé, et aggravent la précarité des ménages. Dans ces contextes, la malnutrition figure parmi les premières conséquences observées, touchant particulièrement les enfants et les femmes enceintes ou allaitantes. Pour Action contre la Faim, la malnutrition ne doit pas être considérée comme un simple effet indirect des crises, mais comme un risque prévisible pouvant être atténué grâce à des interventions mises en place avant que la situation ne se dégrade.

Dans plusieurs de ses projets, l’ONG a développé des protocoles d’actions anticipatoires reposant sur des signaux d’alerte et des seuils de déclenchement définis à l’avance. L’objectif est de préparer les communautés et de renforcer les systèmes de santé, afin de limiter les ruptures de prise en charge nutritionnelle lors des crises. Cette approche permet notamment de prépositionner des stocks alimentaires et médicaux, de diffuser des messages d’alerte auprès des populations exposées et de soutenir les ménages avant l’arrivée d’un choc annoncé.

Réduction des pics de malnutrition

Sur le terrain, les équipes d’Action contre la Faim peuvent également mettre en place des transferts monétaires anticipés. Ces aides permettent aux familles de protéger leurs biens, de renforcer leurs abris, de sécuriser leurs moyens de subsistance et d’accéder aux soins en amont des crises. Selon une étude récente menée après plusieurs années d’expérimentation, cette stratégie présente un avantage économique notable. Chaque dollar investi dans les actions anticipatoires permettrait d’éviter environ sept dollars de dommages et de générer des bénéfices, soit l’équivalent d’environ 32 000 ariary pour 4 500 ariary investis.

Grâce à un financement de l’Agence suédoise de coopération internationale pour le développement (SIDA), Action contre la Faim a souhaité intégrer plus systématiquement la gestion de la malnutrition dans les dispositifs anticipatoires. L’objectif est de réduire les pics de malnutrition généralement observés après les chocs et d’assurer la continuité des soins nutritionnels, même en période de crise. Un projet pilote a ainsi été lancé au Mali et à Madagascar. Avant sa mise en œuvre, une phase de recherche et de concertation a été conduite avec les communautés, les autorités locales et les acteurs de la santé et de la nutrition, afin de mieux comprendre les risques, les besoins et l’impact des aléas sur la situation nutritionnelle.

Meilleure protection en cas d’alerte

À Madagascar, où la sécheresse et les cyclones constituent des menaces récurrentes, des ateliers organisés à Antananarivo et à Ambovombe ont permis de définir des actions adaptées. Celles-ci incluent des transferts monétaires pour faciliter l’accès aux soins avant les crises, la distribution de compléments nutritionnels pour les enfants et les femmes enceintes ou allaitantes, ainsi que des activités de sensibilisation aux bonnes pratiques alimentaires. Les plans élaborés prévoient également des dispositifs d’évacuation, le déploiement de cliniques mobiles et des actions de dépistage précoce de la malnutrition, afin d’intervenir rapidement auprès des populations les plus vulnérables.

À l’issue des phases de concertation, Action contre la Faim a travaillé avec ses partenaires pour renforcer les systèmes d’alerte précoce. Des radios ont été mises à disposition des comités locaux et des actions de sensibilisation menées auprès des communautés pour améliorer la préparation et la réaction face aux crises. Au Mali et à Madagascar, près de 350 000 personnes devraient ainsi bénéficier d’une meilleure protection en cas d’alerte ou de choc. L’ONG poursuit le suivi de la mise en œuvre de ces mesures et prévoit de partager les enseignements tirés de ces expériences avec ses partenaires, dans l’objectif de faire de l’anticipation nutritionnelle un pilier de la gestion des risques humanitaires.

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