Art et société : A Madagascar, Inktober fait écho aux revendications sociales

Créé en 2009 par l’illustrateur américain Jake Parker, Inktober s’est imposé comme un défi incontournable pour les dessinateurs du monde entier. Le principe est simple : produire chaque jour d’octobre un dessin à l’encre, inspiré par une liste de thèmes. Plus qu’une compétition, Inktober encourage la discipline et la créativité, tout en permettant aux artistes, professionnels ou amateurs, de partager leurs œuvres sur les réseaux sociaux. Au fil des années, ce rendez-vous a gagné en popularité à Madagascar, où de nombreux créateurs s’y associent pour perfectionner leur pratique artistique et échanger avec un public élargi.

Un appel à la mobilisation par l’art

Cette année, l’événement prend une tournure particulière sur la Grande Île. L’illustratrice Razafimanantsoa Hanta Navalona, connue sous le nom de Sleeping Pop, a lancé une "Madagascar Fight List". Cette liste de 31 mots-clés, correspondant à chaque jour du mois, s’inspire directement de la situation que traverse le pays. Les thèmes choisis, tels que « Corruption », « Délestage », « Liberté d’expression » ou « Guerre de Trône », évoquent les tensions sociales et politiques actuelles. D’autres mots renvoient à des réalités plus symboliques, comme « Phoenix », « Soif », « Bombe », ou encore à des notions identitaires fortes telles que « Fihavanana », « Taninjanaka », « Tolona » ou « Drapeau ».

À travers les réseaux sociaux, Sleeping Pop a expliqué sa démarche et appelé à une mobilisation artistique : "Madagascar est en grève (...) La jeunesse s’est levée et demande justice. Aujourd’hui chacun prend part comme il peut pour parler de la situation, aider ou juste donner de la visibilité. (…) Armons-nous de nos outils de dessin et racontons à travers l’art."

Une artiste aux multiples engagements

Cet appel transforme Inktober en une tribune collective, où le dessin devient un moyen d’expression citoyenne et un outil de visibilité pour les revendications sociales.

Sleeping Pop, initiatrice de ce projet, est une figure active de la scène artistique malgache. Illustratrice, peintre, musicienne et street artiste, elle explore plusieurs disciplines tout en restant attachée aux causes sociales. Militante, elle met en avant les droits des jeunes, des femmes, des artistes et des communautés marginalisées. Avec la "Madagascar Fight List", elle poursuit cet engagement en invitant la communauté artistique à transformer la créativité en acte de résistance pacifique. Ai si, chaque dessin diffusé en ligne devient une manière de témoigner, de dénoncer ou de garder en mémoire les difficultés actuelles.